Rendez l’UGTA au peuple !
Par Kamel Moulfi – En regardant, ces jours-ci, la façade de la Maison du peuple, Place du 1er-Mai, à Alger, on découvre à travers l’immense banderole de soutien à Bouteflika qui en barre l’entrée que la leçon d’agressivité dans la campagne électorale ne nous vient pas des partis ou des personnalités politiques dont c’est le métier de tout faire pour donner la victoire à leur candidat, mais plutôt de la Centrale syndicale, l’UGTA, qui a pour vocation de défendre les intérêts des travailleurs, et tout le monde sait à quel point leurs revendications restent encore insatisfaites, comme l’illustre la grève dans le métro d’Alger. L’UGTA d’Abdelmadjid Sidi-Saïd nous a appris autre chose : l’agressivité électorale n’est pas que verbale et, heureusement aussi, pas forcément accompagnée de coups de poing ; elle peut tout simplement être honteuse comme cette banderole. On sait que le secrétaire général de l’UGTA n’a pas attendu que Bouteflika se prononce sur sa participation à l’élection et encore moins que le Premier ministre Sellal annonce sa candidature pour un quatrième mandat. Sidi-Saïd a anticipé – certes en emboîtant le pas à Saïdani, chef du FLN – pour demander au Président malade de se lancer dans la course, et a délivré, par la même, un signal à l’opinion publique submergée d’incertitudes à ce sujet. Quand Bouteflika a évoqué dans sa lettre les appels de la société civile pour qu’il se présente, il pensait certainement à Sidi-Saïd. Ni l’organisation des zaouïas, pourtant connue pour ses liens étroits avec Bouteflika, ni l’Organisation nationale des moudjahidine n’ont fait preuve de cet empressement. Au contraire, ces deux organisations ont montré une indépendance qui traduit le respect qu’elles ont pour leurs adhérents laissés libres de choisir le bulletin qu’ils mettront dans l’urne, le 17 avril. Sans aller jusqu’à l’«insubordination», lui aussi, le Forum des chefs d’entreprises a traîné les pieds et a retardé autant qu’il a pu le moment de déclarer son soutien à Bouteflika, arraché dans les conditions que l’on sait. L’UGTA s’est singularisée d’une façon peu honorable. Il faut la rendre aux travailleurs.
K. M.
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