Hachemi Sahnouni à Abassi Madani : «Ne parle pas au nom du FIS !»
Dans un entretien à un journal électronique en langue arabe, l’ancien dirigeant du FIS dissous Hachemi Sahnouni a réagi au communiqué signé par Abassi Madani au nom du parti dissous, et rendu public hier lundi, en lui déniant tout simplement le droit de parler au nom du FIS et de dicter ses décisions à partir de Doha, où il vit depuis dix ans. Sahnouni nie toute concertation entre les anciens dirigeants du parti pour sortir avec une position commune et dément, par ricochet, les allégations de Madani par lesquelles il prétend que son parti a été approché par des candidats à l’élection présidentielle du 17 avril en vue d’aboutir à une sorte d’arrangement qui prendrait en compte les doléances connues de cette mouvance. Mais Sahnouni revient pour confirmer l’existence de tractations, par des intermédiaires, avec l’entourage des deux principaux postulants à la haute magistrature : Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis. Il dit avoir refusé de discuter avec «des personnes inconnues sur la scène politique», mais il aurait volontiers posé ses conditions, et celles de sa mouvance, s’il avait eu à faire à des représentants importants de ces deux candidats cités. C’est pourquoi il déclare n’avoir apporté son soutien à aucun candidat. Ce qui revient à dire que si les deux gourous du FIS ne sont pas d’accord sur la forme, sur le fond ils militent pour le même objectif, à savoir la réhabilitation du parti dissous et de ses dirigeants, la remise en cause de la Charte pour la paix et la réconciliation nationales et, enfin, l’amnistie générale au profit des terroristes condamnés pour leurs crimes. Dans son message, Abassi Madani cherche à s’imposer dans le débat politique, comme il le fait à la veille de chaque échéance électorale. Tout en rejetant, d’emblée, toute participation à ce scrutin, qu’il qualifie de «nouvelle imposture», l’ex-dirigeant du FIS confirmait, lui aussi, l’existence de tractations avec des candidats à cette élection, sans les nommer, en vue d’aboutir, dit-il, à «un partenariat pour un mandat présidentiel transitoire et un engagement écrit pour le règlement de la crise issue du coup d’Etat de 1992 et de toutes les séquelles qui en ont découlé» contre la participation de ses résidus dans la campagne électorale. Mais selon ce communiqué, aucune entente n’a été trouvée avec ceux qui auraient approché les anciens responsables de la mouvance du FIS. Mais, un peu plus loin, Abassi se contredit en reprenant à son compte des slogans phares brandis par une partie de l’opposition et certains candidats à cette élection, et réclame, entre autres, une «période de transition» en vue de mettre en place «une Constitution consensuelle» et un dialogue politique n’excluant pas le parti dissous. Il appelle enfin à soutenir «les partisans d’une période de transition», susceptible, d’après lui, de lui permettre de revenir sur la scène politique, mais ne précise ni les formes par lesquelles ses ouailles devraient exprimer leur soutien, ni les noms des supposés partisans d’une transition sur lesquels ils pourraient compter pour parvenir à leur objectif.
R. Mahmoudi