Le colonel Boudemagh avertit : «Le point de rupture est imminent»
«Jamais une élection présidentielle n'a été entourée d'autant de doutes, d'incertitudes pour le grand public, mais surtout de menaces réelles pesant sur le devenir de la nation. Aujourd'hui, le point de rupture est imminent, car le statu quo n'est plus tenable parce que l'instabilité procède de la négation de l'impératif changement et du refus de l'alternance.» Chabane Boudemagh, ex-colonel du DRS et président de l'Organisation des patriotes algériens, est une nouvelle fois sorti de sa réserve pour dénoncer de manière tranchante, dans une déclaration adressée à Algeriepatriotique, le processus électoral en cours et tout ce qu’il continue de charrier comme agissements de la part des tenants du pouvoir qui recourent, dit-il, à des subterfuges pour durer à la tête de l’Etat. «La présente élection est structurellement biaisée, caractérisée par une fraude en amont, par le parti pris de l'administration ainsi que de son engagement publiquement affiché au soutien du candidat-président, mettant notamment tous les moyens publics au profit d'une campagne de candidature par procuration», tient à dénoncer l’ex-officier de l’ANP qui estime qu’une telle démarche «ne peut en aucun cas être génératrice de progrès, à aucun égard, ni de renouveau, mais au contraire, son issue aboutirait à la confiscation de la légitimité du peuple et le détournement de sa souveraineté et de ses libertés au profit de la consécration de la seule autorité d'une oligarchie qui s'auto-élit depuis quinze années». Répondant aux voix qui s’élèvent parmi les soutiens au président-candidat et qui basent leur discours de campagne sur la menace d’instabilité brandie pour faire peur à la population, M. Boudemagh réplique que «la plus grande source d'instabilité aujourd'hui n'est pas l'exigence du changement mais manifestement le refus du changement». «L'argument avancé par les tenants du statu quo est le maintien nécessaire de la stabilité et de la sécurité qui constituent le leitmotiv du discours électoral à destination d'une opinion nationale sensible au triste souvenir d'une décennie marquée par la violence et, d'autre part, d'une opinion internationale soucieuse de rôle cardinal que se doit d'assurer l'Algérie aux plans sous-régional, régional et international», répond M. Boudemagh, qui considère que «le seul garant de la stabilité est le peuple et nul garant autre que lui». L’ex-colonel du DRS lance, dans le même temps, un message aux partenaires de l’Algérie qui sont tentés de cautionner une élection qui n’en est pas une. «Une coopération durable ne peut avoir de sens sans le consentement réel de la population et sans légitimité démocratique. Un partenariat stable, durable et robuste ne peut s'établir que par un fonctionnement démocratique de l'Etat et, de surcroît, représentatif de l'ensemble de la société», explique M. Boudemagh. Pour lui, le pays se trouve dans «une situation de crise inégalée» dont «le désamorçage ne peut résulter que de la mise en place d'une véritable transition démocratique», seule à même, indique-t-il, «de permettre la réunion des conditions nécessaires, voire minimales, pour la remise du pays sur la seule voie menant au progrès et à la stabilité». Chabane Boudemagh plaide pour une «transition démocratique» qui est «une nécessité». «Elle doit se faire, dit-il, inéluctablement, mais de manière linéaire et non de manière chaotique.» «Certes, la mise en œuvre de la transition comporte des risques probables, mais les périls de la continuation et de la perpétuation du statu quo sont les préludes d'un chaos certain», met en garde l’ancien colonel du DRS.
Amine Sadek