L’étrange acharnement du patron du groupe ETRHB pour un quatrième mandat en faveur de Bouteflika
A Tizi Ouzou, Ali Haddad était collé à Abdelmalek Sellal durant tous ses déplacements, au point que ceux qui ne le connaissent pas auraient pu le confondre avec son garde du corps, n’eût été sa frêle corpulence. Gêné, semble-t-il, que son image soit associée au clan présidentiel, voici quelques mois, le richissime patron du groupe des travaux publics ETRHB n’hésite plus à s’afficher aux côtés des proches de Bouteflika à qui il apporte son soutien financier, matériel et humain, sans compter, depuis l’annonce de la candidature du Président à sa propre succession. De tous les hommes d’affaires qui ont choisi le camp des Bouteflika, par conviction, par intérêt ou par contrainte, Ali Haddad est, sans aucun doute, celui qui se donne le plus pour lui faciliter la tâche, autant que faire se peut, dans sa difficile entreprise de maintien au pouvoir, malgré sa maladie. C’est ainsi qu’il a mis à la disposition du clan présidentiel sa propre chaîne de télévision Dzaïr TV et financé une autre chaîne, El-Wiam, créée récemment pour accompagner le candidat médiatiquement dans sa campagne électorale. Il se dit à l’ENTV que les castings pour le recrutement des journalistes «détachés» pour assurer le fonctionnement de ce nouveau média audiovisuel se sont déroulés dans les studios de Dzaïr TV et que le financement de la nouvelle chaîne a été assuré entièrement par le patron de l’ETRHB, une société spécialisée dans la pose de bitume. Cette nouvelle chaîne ne cessera pas d’émettre après le 17 avril, a-t-on appris de sources concordantes, puisque Haddad compterait la garder dans son giron et en faire, peut-être, une chaîne d’information. Lors de son déplacement à Tizi Ouzou, le directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika a pu animer son meeting sans trop de grabuge et pour cause. Non seulement Sellal a pris les devants en décidant de se rendre à Tizi Ouzou à l’aube, selon des indiscrétions, pour prendre de court les opposants au quatrième mandat qui auraient pu lui barrer la route et rééditer le coup de Béjaïa, la veille, mais, sur place, un homme influent dans la région, Ali Haddad en l’occurrence, s’était chargé, bien avant son arrivée, d’assurer au représentant du président-candidat un accueil «grandiose» au milieu des centaines de portraits de Bouteflika collés anarchiquement par de jeunes chômeurs, moyennant rémunération. Ali Haddad est apparu clairement comme l’organisateur ès qualité de la cérémonie, se montrant volontiers aux côtés de Sellal qu’il ne lâchera pas d’une semelle durant son passage dans la ville et veillant au grain dans la salle où s’est tenu le meeting (voir photo). Ali Haddad, dont ont dit que les accointances avec le clan présidentiel lui ont permis de bâtir sa fortune depuis 1999, semble jouer le tout pour le tout en mettant son grain de sel dans l’élection présidentielle d’avril prochain. Est-ce juste un retour d’ascenseur ou une peur bleue de voir ses affaires voler en éclats en cas de changement de régime ?
M. Aït Amara