La mystérieuse éclipse de Tayeb Belaïz : un ministre de l’Intérieur dépassé par les événements ?
Alors que la campagne électorale arrive à sa fin, sur fond de tension dans toutes les régions et d’incertitude à tous les niveaux, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, celui qui est officiellement en charge de veiller au bon déroulement du processus, s’est totalement éclipsé de la scène. Est-ce pour des raisons tactiques ou encore de santé ? Sa dernière apparition publique remonte à la mi-mars, lors de la visite conduite par le Premier ministre intérimaire, Youcef Yousfi, à Ghardaïa, pour s’enquérir de la situation dans cette région en proie à une dangereuse escalade de la violence et qui avait fait de nouvelles victimes. Déjà peu loquace et de nature flegmatique, Tayeb Belaïz n’a fait aucune déclaration pour réagir aux incidents qui ont émaillé la campagne électorale. Il ne s’est pas déplacé, par exemple, à Béjaïa pour suivre sur place ce qui a été décidé suite aux émeutes qui se sont déclenchées lors de la venue, samedi dernier, du directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika, Abdelmalek Sellal, pour un meeting électoral qui a finalement été empêché par des manifestations hostiles et violentes. Là aussi, aucune déclaration du ministère de l’Intérieur. C’est Sellal lui-même qui se chargea de rassurer l’opinion. Il n’a pas, non plus, daigné élaborer un bilan d’étape sur le déroulement de la campagne, à quelques jours du scrutin, comme le faisaient tous ses prédécesseurs. Les observateurs sont de plus nombreux à se demander si le rôle exact du ministre de l’Intérieur actuel devrait se limiter à des tâches purement protocolaires, comme l’annonce des résultats officielle de l’élection. Déjà que sa désignation à ce poste, si sensible, était loin de rassurer l’opposition qui le soupçonne d’être totalement inféodé au cercle présidentiel, pour être un proche fidèle du Président sortant, avec toute la fine équipe qui occupe l’essentiel des fonctions régaliennes au gouvernement. En tout cas, son absence ne peut que susciter des inquiétudes quant à l’issue de cette élection et sa régularité.
R. Mahmoudi