La sixième raison de la crise à Ghardaïa
Quelle spiritualité peut-on avoir quand on a la certitude qu’un au-delà existe après la mort ? J’ai souvenir, de mon enfance, que le doute pour l’au-delà était un des ciments de la croyance des enfants d’Abraham et particulièrement des musulmans. Aujourd’hui, il devient comme dangereux de croire, de douter. On est sommé d’avoir la certitude. De nos jours, seule la conviction au paradis compte et élague crescendo tout le reste pour tracer le chemin à l’intégrisme et au terrorisme pour donner la mort aux impies et cette mort volontaire qui ouvre le paradis. L’expérience algérienne des années 90 prouve que le terroriste est l’agent d’avant-garde des islamistes tout en étant le valet du Grand Capital qui tente sans répit de soumettre les Hommes à leurs vindictes. Si certains pensent qu’on peut combattre les islamismes par un autre islam, ou par une autre religion, il faut qu’ils sachent qu’ils sont en retard d’une guerre. Les islamismes à l’instar du wahhabisme conquérant et les islamismes rampants ne peuvent être mis sur la défensive que par plus de liberté et de justice qui se mesurent à travers la condition sociale de la femme. Même si le professeur Si Saïd Djabelkheir, l’islamologue, affirme à juste titre lors du workshop d’El-Watan du 5-4-14 que la religion doit être enseignée dans ses différentes lectures, il a omis ou n’a pas eu le temps de préciser que si l’islam doit continuer à être enseigné à nos enfants, il doit l’être comme une culture d’abord et une civilisation historique. Si à ce workshop on a dénombré cinq raisons de la crise à Ghardaïa aujourd’hui qui sont : «l’absence de l’Etat, la dislocation de l’identité individuelle, la situation socioéconomique, la montée du wahhabisme et la contrebande», l’absence des libertés individuelles, des femmes et des hommes mozabites à cause d’une organisation médiévale appliquée à ce jour, que rappelle l’économiste Mohamed Djilmani, n’est-elle pas le signe distinctif de cette région ? Elle est le liant des cinq raisons citées. Dans l’exposé professoral de Mme Oussedik, je relève que le politique est dominant, la sociologue cache mal la crainte d’un conflit avec l’économiste en gandoura qui, de son côté, voulait nous faire croire que l’organisation ibadite qui a pour base la famille est étrangère au malaise du mozabite. La sociologue en rappelant que «la violence s’installe quand la loi fait défaut » manque de préciser en la circonstance que cette violence a aussi un autre terreau celui les lois iniques du patriarcat, dominant dans la région.
Saâdeddine Kouidri