Ali Benflis à Al-Jazeera : «L’ANP attend de la classe politique qu’elle assume ses responsabilités»
Dans l’interview qu’il a accordée à la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, Ali Benflis a réfuté, implicitement, l’idée selon laquelle la décision politique en Algérie serait inscrite dans une sorte de triangle équilatéral – pour reprendre la formule imagée utilisée dans la question posée par le journaliste – formé par l’Armée nationale populaire (ANP), le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et la Présidence. «Rien ne peut se substituer à la démocratie pour opérer le changement», affirme Ali Benflis qui répond, en même temps, indirectement, à l’ancien chef de gouvernement Mouloud Hamrouche qui avait estimé, dans une intervention au forum du journal Liberté, sa conviction que la solution de la crise était entre les mains de Bouteflika, en tant que président, Gaïd-Salah en sa qualité de chef d'état-major de l’ANP et du général de corps d’armée Mohamed Mediene dit Toufik, chef du DRS. Ali Benflis ne croit pas, contrairement à Mouloud Hamrouche, à une «solution négociée d’en haut» ni à l’élaboration d’un «consensus national» qui doit «accompagner le processus de transformation de notre système politique», comme le propose Mouloud Hamrouche. Ali Benflis est convaincu que l’avenir de l’Algérie dépend de la «démocratisation de la vie politique» et c’est le sens qu’il donne à son engagement dans l’élection présidentielle. Il pense que c’est également l’objectif pour lequel militent les boycotteurs. Ali Benflis a évoqué, encore une fois, comme il l’a déjà fait au cours de sa campagne électorale, la place de l’Armée dans la vie du pays, tout en refusant d’entrer dans ce qu’il a qualifié de débats byzantins d’académiciens, à propos des notions de «militaire» et «civil» pour qualifier le pouvoir. Faisant allusion à la décennie 1990 et au déchaînement du terrorisme qui a créé une menace sérieuse sur l’existence même du pays, il a rappelé que ce sont ces circonstances d’une telle gravité qui ont forcé l’institution militaire à investir la vie politique. Il a souligné encore une fois que la préoccupation de l’ANP est que la classe politique assume pleinement ses responsabilités afin qu’elle (l’ANP) puisse s’occuper des missions qui lui sont dévolues par la Constitution. Ali Benflis a saisi l’occasion de cette interview, en réponse à la même question du journaliste, pour rappeler que l’Armée est une institution en parfaite cohésion et entente qui défend l’Etat et la République.
Kamel M.