L’écrivain Philippe de Saint Robert : «L’Union atlantique va supplanter l’Union européenne»
Sous le titre «Politique étrangère de la France : le bal des faux-culs !», les incohérences et les contradictions des positions de Hollande et Fabius face aux bouleversements qui marquent la vie internationale sont étalées dans un article bien argumenté de Philippe de Saint Robert, un écrivain qui a été Commissaire général à la langue française (1984-1987). La diplomatie française s’est fourvoyée dans une impasse qui lui a été imposée, souligne-t-il, par le couple Sarkozy-Juppé durant le précédent quinquennat avec l’affaire libyenne. Hollande et Fabius s’y sont engouffrés ensuite en s’alignant encore plus sur le département d’Etat américain pour jeter de l’huile sur le feu en Syrie à travers la rupture des relations diplomatiques avec Damas et le soutien, y compris en armes, apporté à la «rébellion». Pourtant, rappelle-t-il, la tradition diplomatique de la France, «à la différence des Etats-Unis», est de reconnaître des Etats et non des régimes. Mais, fait-il observer, la France a «tourné le dos à près de quarante ans de politique étrangère conforme aux fondamentaux de notre histoire, tels que rétablis par le général de Gaulle». Le signe qui montre parfaitement la continuité de la France dans cette impasse diplomatique en négation de ses traditions est relevé par Philippe de Saint Robert qui note que l’on retrouve, «comme par hasard, certains protagonistes place de Maidan», dans une allusion à la présence de Bernard-Henri Lévy à Kiev au moment des émeutes qui ont fait tomber le président légitime. En s’appuyant sur le référendum d’autodétermination qui a conduit au retour de la Crimée au sein de la Russie, Philippe de Saint Robert a la tâche facile pour tourner en dérision Hollande et Fabius, leur position dans ce qui s’est passé en Ukraine, et leurs menaces de représailles contre Moscou, preuve d’une hostilité déclarée à l’égard de Vladimir Poutine qui avait déjà été révélée par le refus d’aller aux Jeux olympiques de Sotchi. La France est réduite, écrit-il dans son article publié par le site www.partiantisioniste, «soit à l’impuissance totale, soit à l’aliénation à la politique des Etats-Unis, ce qui du reste revient au même», précise-t-il. Il cite, en conclusion, le grand reporter international au Figaro, Renaud Girard, qui s’interroge dans son dernier livre Le Monde en marche sur les raisons de «ce sentiment diffus que les Français éprouvent de ne plus avoir de politique étrangère claire». En fait, la politique extérieure de la France n’existe plus, elle est remplacée par celle de l’Union atlantique qui, comme le souligne Philippe de Saint Robert, est en voie de supplanter l’Union européenne.
Kamel Moulfi
