Campagne de Bouteflika : des employés de groupes privés et des policiers en civil pour remplir les salles
Les représentants du président-candidat Abdelaziz Bouteflika continuent d’user de tous les moyens et subterfuges pour remplir les salles destinées à leurs meetings de campagne. Des témoignages recueillis dans plusieurs villes du pays attestent que les porte-voix du quatrième mandat ont fait venir des employés d'entreprises appartenant à des hommes d'affaires et gros importateurs – à qui profite le maintien du système actuel – pour combler le désintérêt populaire qui frappe leur campagne électorale qui se déroule sous haute tension et avec de grandes difficultés. En effet, dans la wilaya de Constantine, plus exactement à El-Khroub, hier, Amar Saïdani, secrétaire général du FLN, a tenu son meeting devant quelque 300 personnes dont des policiers en civil et des jeunes de l'équipe de handball de l'association sportive locale. A cela s'est greffé un groupe d'employés du groupe Condor, appartenant à la famille de l'ancien ministre FLN de la Poste et des TIC, Moussa Benhamadi, qui soutient ardemment le candidat Bouteflika. A Batna, le tiers de la salle dans laquelle Abdelaziz Belkhadem a animé son meeting, a été occupée par des policiers en civil que la Sûreté de wilaya a dépêchés pour faire croire à la présence d’une foule nombreuse alors qu'il n'en est rien. Cette pratique est utilisée dans quasiment tous les meetings des représentants du président-candidat. Ces derniers ont du mal à remplir les salles, bien que petites, et à susciter l'engouement en faveur du candidat à sa propre succession pour la troisième fois. A Alger, où Abdelmalek Sellal a tenu un meeting à la salle Harcha, les animateurs ont recouru aux associations sportives. Dans d'autres wilayas, ces méthodes à la peau dure n'ont pas été efficaces et les hérauts de Bouteflika en sont revenus bredouilles. Ceci s’est vérifié également à Chlef et à Ouargla, où Saïdani n'a pas pu tenir son meeting, ainsi qu’à Batna où aussi bien Abdelmalek Sellal, victime de sa blague foireuse sur les Chaouis, qu’Amar Ghoul et Amara Benyounès ont dû jeter l’éponge. Les hommes d'affaires ont été mis à contribution pour convaincre des citoyens, moyennant rémunération, d'assister aux rencontres animées par les représentants de Bouteflika, mais il faut croire que la corruption ne fait plus recette et que les citoyens ne sont pas dupes puisque ce subterfuge n'a pas donné les résultats escomptés. C'est le cas à Tébessa où le richissime homme d'affaires, Mohamed Djamaï, impliqué dans une affaire d’importation frauduleuse de pièces électroniques à la fin des des années 1990 et coopté à la vice-présidence de l’APN sous Bouteflika, n'a pas réussi à rameuter la foule pour chauffer la salle au profit d’Amar Saïdani.
Sonia Baker