Non, l’Algérie n’a nullement besoin de la France
L’Algérie a-t-elle encore besoin de la France ? Ceci est une question à laquelle certains opportunistes et amateurs de la politique en Algérie répondraient positivement. Ceci va-t-il entraîner les Algériens à laisser tomber le projet de criminalisation du colonialisme ? Laisser aussi tomber l’exigence du peuple algérien de cette France de demander pardon ? D’abord, ceux qui n’ont pas participé à la longue lutte contre le terrorisme durant la décennie noire, et connu tous les dessus et dessous de la politique d’ingérence de la France dans les affaires internes de l’Algérie depuis octobre 1988, ne voient dans cette France que le côté «Liberté-Egalité-Fraternité», ou un pays d’accueil. Alors que l’année 2010 est bien celle de la remise en cause de dispositions essentielles du Traité de libre-échange conclu avec l’Union européenne en 2005, l’application de celui-ci n’ayant eu, du point de vue officiel algérien et de celui du patronat, aucune retombée positive sur le tissu industriel local. Il a désarticulé les PME-PMI soumises à une concurrence implacable qui a conduit nombre d’entre elles à licencier des travailleurs algériens, d’autres privatisées, et ce sont les responsables algériens qui ont mis à la porte les travailleurs algériens pour faire plaisir à l’étranger. Nous avons constaté qu’un directeur général d’une entreprise nationale qui a été privatisée à 50%, mis à la retraite à l’âge de 60 ans, a été maintenu par l’investisseur étranger pour qu’il se débarrasse des travailleurs algériens. Aujourd’hui, quatre années après, ce même DG est toujours là avec un salaire qui dépasse les 20 millions. Un bon serviteur qui ne peut dire que l’Algérie a besoin de l’Europe ! Ali Mebroukine, spécialiste en droit des affaires, dira : «La mise en place d’une stratégie d’industrialisation par substitution aux importations et une stratégie d’industrialisation par valorisation des exportations. A tort ou à raison, les responsables algériens considèrent que les entreprises françaises ne sont pas disposées à contribuer à la réalisation de cette politique dont le pivot est le partenariat de type sociétaire. Alors qu’au contraire, les entreprises brésiliennes, sud-africaines, sud-coréennes et malaisiennes entendent contribuer au développement de la production intérieure en aidant les entreprises algériennes à reprendre progressivement certains marchés de biens de consommation (pétrochimie, engrais, ciment, électrométallurgie) et dans une deuxième phase à étendre le mouvement en amont vers des industries intermédiaires où l’intensité capitalistique et l’échelle de production sont plus élevées (ce qui passe par la valorisation des outils d’engineering nationaux existants). Quant à la stratégie d’industrialisation par valorisation des exportations, il y a lieu de rappeler que les accords conclus récemment avec le Brésil, l’Afrique du Sud, la Turquie et la Malaisie visent à promouvoir les exportations algériennes dans des secteurs à forte valeur ajoutée. Cela devrait permettre à notre pays, à l’échéance 2020-2025, d’améliorer la situation de sa balance des paiements (hors hydrocarbures), de dynamiser l’effort de recherche et de développement par une meilleure insertion de nos entreprises dans la division internationale du travail et enfin d’étendre le marché potentiel au-delà des frontières nationales, ce qui ne manquera pas de stimuler l’emploi qualifié et de rompre avec le cadre infernal de la pauvreté salariale. De la même manière, c’est avec les entreprises américaines et chinoises que l’Algérie s’engagera sous peu dans la croissance verte et green business (éoliennes, panneaux solaires, ampoules basse consommation, batteries pour véhicules électriques que l’Algérie devrait commencer à produire), alors que la Chine est en train de bâtir son hégémonie sur le nucléaire, le solaire et même l’habitat écologique.» L’Algérie n’a nullement besoin de la France. La banalisation des relations économiques et commerciales entre l’Algérie et l’Europe s’explique donc par un contexte international objectif qui se traduit par un déclin relatif de l’Europe, aussi bien sur le plan technologique, scientifique, culturel que commercial. Seuls les centres et les ONG sont en mesure de maintenir les biens entre les deux ensembles. Encore faudrait-il que les acteurs d’une relation algéro-européenne vivace et dynamique puissent se faire entendre des pouvoirs publics et qu’une liberté suffisante leur soit reconnue pour qu’ils puissent tisser des liens puissants entre eux, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui et ne le sera pas avant longtemps. Il faut parler franc et simple. On n’est pas prêt à pardonner à la France officielle ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Avec ses ingérences dans les affaires de l’Algérie durant la décennie noire, «le Plan bleu» qui visait à déstabiliser l’Algérie, le simple citoyen ou le lecteur simple doit comprendre que la France n’était et ne sera point le «paradis» rêvé par les jeunes Algériens, et que l’émigration des Algériens durant les années soixante-dix était réglementée par un accord d’échange entre le gouvernement du général de Gaulle et le celui du regretté Houari Boumediene. A cette époque, la France avait besoin de la main-d’œuvre algérienne, et l’Algérie a reçu des coopérants techniques. Ce qui est clair en France aujourd’hui, c’est la politique tracée par Sarkozy qui croit toujours que l’Algérien est l’indigène que la France a civilisé pendant l’occupation et qu’il refuse toute discussion sur le pardon demandé par le peuple algérien. Et tant que ce pardon n’est pas encore à jour, les opérateurs français ne seront pas les bienvenus dans la terre où a été versé le sang d’un million et demi de martyrs, assassinés par le colonialisme français !
A. Ben
Note importante : les missions consulaires françaises en Algérie continuent depuis 198O à considérer l'Algérien (peuple) toujours indigène, et cela est inacceptable.