S’unir contre la violence
Par Kamel Moulfi – Quel écho ont eu, auprès de la population, les «annonces» lancées à propos de lendemains incertains qui marqueraient l’après-élection présidentielle du 17 avril ? Emis de toutes parts, plus ou moins intéressé, chez les uns, ou exprimant, chez d’autres, l’inquiétude qui est soulignée par l’appel à la prudence face aux risques d’affrontements, ce pronostic pessimiste a eu tendance à dominer durant les dernières semaines. Quel impact a-t-il produit chez les gens ? Tout indique, à travers divers signaux émanant de la société, que beaucoup redoutent ce scénario catastrophe et quasiment personne ne veut être parmi les acteurs de sa réalisation. On peut en avoir une indication probante en constatant que la rue n’a pas abrité de manifestation violente, généralisée et significative, liée aux élections. Or, dans les contextes de crise, et c’est le cas de notre pays, la rue est un des principaux théâtres privilégiés de l’extrémisme politique, vulnérable aux manipulations, comme l’illustrent les informations sur les troubles qui agitent certaines capitales dans le monde. Chez nous, les policiers et les «badauds-spectateurs» ont souvent été plus nombreux que les contestataires. Certes, il n’y a pas lieu de se réjouir de cette absence d’expression publique de l’opposition. Cela ne signifie d’ailleurs pas que les citoyens soient résignés. Mais ils ont voulu délivrer un message de refus de la confrontation incontrôlée, connaissant les risques de dérives pour en avoir vécu l’expérience et subi les conséquences dramatiques. Ils ont choisi de réagir autrement, par l’indifférence et la désaffection à l’égard de la campagne électorale, que n’ont pu masquer les images d’affluence, rare, à quelques meetings. Les observateurs s’attendent à ce que ce «vide» relatif qui a entouré la campagne se traduise par une abstention dont le taux prévu serait exceptionnellement élevé. C’est un comportement électoral qui existe depuis longtemps, il a été adopté par une bonne partie de l’électorat lors des scrutins passés, mais, cette fois, il serait ainsi étendu à de nouveaux pans de la population déçus pour toutes sortes de raisons. La meilleure contribution de ce scrutin à la remobilisation de l’électorat pour le futur, et à la neutralisation des tendances à la violence le lendemain du 17 avril, est dans le respect du vote de ceux qui croient encore aux urnes, pour ne laisser aucune prise à la contestation des résultats et aux accusations de fraude.
K. M.
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