Une réticence justifiée
Par Kamel Moulfi – La bataille électorale en vue de la présidentielle du 17 avril se déroule dans un contexte régional dont la fragilité a encore été mise en évidence par les dernières informations qui nous parviennent des pays frontaliers, comme la Libye et la Tunisie, ou inscrits dans la même zone géostratégique, comme l’Egypte ou un peu plus lointaine, la Syrie. L’influence des événements qui se passent à notre proximité n’est pas étrangère à la réticence à descendre dans la rue des Algériens qui sont opposés au quatrième mandat pour Bouteflika ou ceux qui ne veulent plus du «système» politique, bâti sur le parti unique, qui gouverne le pays depuis plus de cinquante ans. Ce refus de l’aventure est indéniable. Il s’est traduit de façon significative dans le peu d’écho apporté par la population aux rumeurs sur l’après 17 avril, visant à créer un climat de psychose. Les «appels» pressants véhiculés par ces rumeurs, adressés au citoyen pour qu’il retire son argent des banques et pour faire des réserves de nourriture, sont tombés à plat. Le communiqué surréaliste de l’Union générale des commerçants et artisans algériens aurait pu leur donner plus de crédit, mais, visiblement, il n’a pas produit cet effet. Face aux prévisions de la «catastrophe» qui interviendrait le «jour d’après», les Algériens opposent, dans les faits, la même indifférence qu’ils ont montrée à l’endroit de la campagne électorale, comme s’ils étaient non concernés. Ils voient le spectacle offert par les pays voisins. En Tunisie, selon le témoignage des Tunisiens eux-mêmes, un fort sentiment d'insécurité domine dans la population et gêne toute activité, particulièrement dans l’investissement touristique, paralysé par la peur. En Libye, sur fond d’instabilité qui persiste et dont personne ne voit la fin, la situation, dramatique par ailleurs, tourne à un vaudeville dont les acteurs ne sont autres que les Premiers ministres qui se sont succédé. Est-ce à dire que la crainte de connaître le sort de ces pays a inhibé la volonté les Algériens d’aller vers le changement ? Beaucoup d’indices prouvent, au contraire, que la recherche d’une voie pacifique et plus efficace pour opérer ce changement n’a jamais été aussi intense. Dans l’intérêt des Algériens et d’eux seuls. Fait significatif : l’organisation, le jour même du scrutin, le 17 avril, d’un pique-nique républicain géant à la plage de la Madrague, sur la côte ouest d’Alger (voir Algeriepatriotique, article du 14 avril 2014).
K. M.
Comment (20)
Les commentaires sont fermés.