Le clan fête la «victoire» de Bouteflika alors que les premières estimations sont favorables à Benflis
Le clan présidentiel a déjà fait sortir ses manifestants dans la rue, dans quelques quartiers de la capitale pour fêter la «victoire» du candidat Bouteflika. Une manœuvre supplémentaire qui s’inscrit en droite ligne du plan élaboré depuis plusieurs mois en prévision de l’élection présidentielle d’aujourd’hui et qui a commencé par la mobilisation de moyens colossaux pour remplir les salles artificiellement lors des meetings des représentants du président malade, candidat à sa propre succession. Les images de ce matin, montrant un chef de l’Etat poussé sur une chaise roulante, incapable de sortir sa pièce d’identité et forcé d’être accompagné dans l’isoloir par une tierce personne – le code électoral le permet s’agissant des personnes infirmes –, ont été utilisées sciemment pour jouer sur la fibre sentimentale. Une image pathétique qui, bien qu’obligatoire, visait à provoquer l’émotion chez le dernier carré des réfractaires au quatrième mandat. Une opération de «charme» qui a peut-être réussi, mais dont l’effet est tout le contraire de ce qu’implique une élection d’une telle importance. Car ce dont l’Algérie a besoin, c’est d’un dirigeant fort et non pas un président qui suscite de la compassion. Le clan présidentiel s’empresse de donner ses chiffres et pousse ses recrues à crier victoire sans attendre les résultats définitifs, parce qu’il sait que les citoyens auront du mal à gober des résultats qui placeraient le principal rival du président-candidat loin derrière, comme ce fut le cas en 2004, où la machine broyeuse de la bureaucratie mise en place par le système Bouteflika l’avait «gratifié» de 400 000 voix à peine, tandis que le ministre de l’Intérieur de l’époque, Yazid Zerhouni, annonçait des voix qui se comptaient par millions en faveur du candidat à un mandat supplémentaire qu’on croyait, incrédules, être le dernier. Depuis, Ali Benflis a retenu la leçon et est revenu adoubé, dix ans plus tard, en s’appuyant sur sa seule force de conviction, défiant l’administration et prévenant contre toute tentative de fraude de la part de celui dont il avait lui-même dirigé la toute première campagne électorale en 1999, avant de s’en détacher suite à des divergences. Pour l’instant, les échos qui nous parviennent de la direction de campagne d’Ali Benflis indiquent que ce dernier et son équipe sont confiants et que les premiers résultats lui sont favorables. Benflis devrait animer une conférence de presse dans la soirée ou au plus tard ce vendredi matin. En attendant de connaître les résultats qui seront annoncés de façon officielle par le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz.
M. Aït Amara