D’anciens animateurs du Printemps berbère veulent réactiver le MCB
Réunis à la petite station balnéaire de Tighremt, à 10 km de la ville de Béjaïa, 42 anciens animateurs du MCB, dont des détenus du «Printemps berbère» de 1980, à l’image d’Azziz Tari, Saïd Khelil, Mouloud Lenaouci, Doumane Saïd, Malika Baraka et de Boukhari Saïd, ont lancé il y a quelques jours un appel –connu désormais sous le nom de l’appel de Tighremt – pour de grandes manifestations demain dimanche, à travers toutes les régions de Kabylie, et notamment des marches à Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira pour célébrer le 34e anniversaire de ces événements. Se présentant comme militants de la cause amazighe et se reconnaissant avant tout dans le Mouvement culturel berbère (MCB), ils appellent la population des régions de Kabylie à adhérer aux marches «citoyennes, pacifiques et transpartisanes» qui sont prévues le 20 avril. Les signataires réclament essentiellement la reconnaissance de l’identité et de la langue amazighes et le respect des libertés démocratiques. A travers cette initiative, ces animateurs, pour la plupart restés à l’écart des événements depuis des années, espèrent redonner vie à ce grand sigle fédérateur que fut le MCB. Ils estiment que la conjoncture est favorable pour s’y engager. C’est la première fois depuis plus de quinze ans que des militants appellent, au nom du MCB, à des actions de rue. Né dans le sillage de la revendication culturelle, dans les années quatre-vingts, le MCB regroupait en son sein différentes sensibilités idéologiques et partisanes avant d’être scindé en deux structures rivales lors du boycott scolaire de 1995 : l’une, chapeautée par le RCD (la Coordination nationale) et l’autre dirigée par des membres du FFS (les Commissions nationales). Ce fut la dernière grande mobilisation menée au nom de ce slogan historique. A la même occasion, le RCD vient d’appeler ses militants, dans un communiqué diffusé sur son site Internet, pour s’impliquer dans toutes les actions organisées dans le cadre de la commémoration de cet anniversaire. Alors que ce parti a déjà appelé à des marches dans le même cadre, mais qu’il a tenu de faire coïncider avec la fin de la campagne électorale, calculs politiques obligent.
R. Mahmoudi