Vous jouez avec le feu !
Par R. Mahmoudi – Pour ceux qui espéraient que le pouvoir n’oserait plus rééditer les mascarades électorales qu’a connues l’Algérie jusqu’ici, ou n’aurait plus tous ses ressorts pour frauder l’élection du 17 avril dans les proportions staliniennes qu’on a vues, le sentiment d’amertume ne doit pas avoir le dessus sur le désir de changement qui reste, contrairement à ce qu’affichent les chiffres fantasmagoriques de Tayeb Belaïz, majoritaire dans la société. Car ces résultats, qui permettent à un président impotent de diriger le pays pour un nouveau mandat, étaient prévisibles dès les premiers jours, c’est-à-dire dès l’annonce de sa candidature dans les circonstances que l’on connaît. Toutes les expériences – anciennes ou récentes – dans le monde arabe, prouvent qu’aucun changement politique salutaire n’est possible par le biais des élections. Toutes ont buté sur une volonté de survie imparable des oligarchies en place. Le régime algérien ne fait pas exception. Mais ce régime ne joue-t-il pas avec le feu en fermant ainsi les portes à tous les appels au changement pacifique et démocratique dans le pays et en refusant toute alternative pouvant émaner même de ses anciens serviteurs ? Ali Benflis, qui vient d’en faire l’expérience pour la seconde fois en dix ans, a conclu qu’aucune solution n’était possible de l’intérieur de ce système qu’il sait sclérosé et foncièrement antidémocratique. Il n’a pas appelé à l’insurrection, comme certains de ses partisans ou de ceux qui ont l’habitude de nager en eau trouble l’auraient souhaité. Cela n’est pas une preuve de roublardise ni de soumission, loin s’en faut. Pour autant, Ali Benflis n’a pas le droit de fuir ses responsabilités, cette fois-ci. Son idée de créer un «grand rassemblement» pour poursuivre son projet, peut aider à la remobilisation de la classe politique et de la société et jeter les jalons d’une véritable alternative démocratique qui peut, à la longue et avec la contribution de toutes les forces saines, épargner au pays un changement de régime à la libyenne ou à l’égyptienne. Ce serait une erreur de croire que le pays est définitivement prémuni contre un tel péril. Avec la célébration d’un régime de présidence à vie, nous y entrons de plain-pied.
R. M.
Comment (22)
Les commentaires sont fermés.