Programme de Bouteflika : révision de la Constitution en juin et législatives en octobre
Algeriepatriotique a appris de sources concordantes que Bouteflika a déjà mis en place son programme politique d’après-17 avril. Ainsi, a-t-on indiqué à notre site, le président «réélu» compte organiser un référendum pour un nouvel amendement de la Constitution dans deux mois. Cette révision est dictée, nous explique-t-on, par des «changements impératifs» que le pouvoir en place veut apporter à ce texte fondamental qui a déjà été remanié en 2008 pour assurer une présidence à vie à Abdelaziz Bouteflika, aux commandes du pays depuis maintenant quinze ans. La révision de la Constitution, argue-t-on, n’a pas de relation avec la maladie du Président, puisque celui-ci s’était déjà inscrit dans cette perspective pour revenir à la limitation des mandats afin qu’il soit écrit qu’il aura été le seul président algérien à avoir duré autant à ce poste «par voie démocratique». Une démarche machiavélique et personnelle qui a conduit l’Algérie droit vers la situation ubuesque actuelle. De nombreuses sources parlent de la création du poste de vice-président, mais le directeur de campagne de Bouteflika a démenti cette information. «A tout le moins, quand j’étais Premier ministre, cet article n’existait pas dans la nouvelle mouture», avait déclaré Abdelmalek Sellal. Message codé ou simple suggestion, le journaliste français Christian Malard a martelé, sur une chaîne de propagande privée proche du clan présidentiel, qu’il appelait «vivement» à la désignation d’un vice-président pour parer à toute éventualité, le chef de l’Etat étant malade. Malard est allé jusqu’à comparer la situation en Algérie au cas égyptien où «Hosni Moubarak avait commis l’erreur de ne pas avoir maintenu le poste de vice-président» qu’il occupait lui-même du temps de son prédécesseur assassiné Anouar Sadate. Christian Malard, qui dit avoir rencontré Bouteflika et Moubarak plusieurs fois, n’a pas écarté que cette fonction soit dévolue à Ahmed Ouyahia, tempérant néanmoins son propos, en ajoutant que «c’est au peuple algérien que revient le dernier mot», Malard ayant été interviewé avant le vote du 17 avril. La révision de la Constitution sera suivie par la dissolution de l’Assemblée nationale et l’organisation d’élections législatives en octobre prochain, apprend-on encore. «Derrière ce calendrier très serré, le pouvoir en place veut prévenir une crise politique grave dans le cas où l’état de santé du Président se détériorait d’une façon brutale», expliquent nos sources. Celles-ci y voient, surtout, une volonté de torpiller la dynamique de rapprochement entre les partis d’opposition et détourner l’opinion publique de l’idée d’une conférence nationale pour le changement, en l’occupant à nouveau par une énième élection, durant laquelle le clan présidentiel compte rééditer le coup de la présidentielle, en accentuant les tiraillements entre le pouvoir en place et l’opposition, et en usant de la même rosserie et des mêmes méthodes déloyales et immorales. Mais avant tout cela, Bouteflika devra nommer un nouveau Premier ministre et former le nouveau gouvernement, d’ici la fin du mois courant.
Karim Bouali