Garcia Marquez et Hocine
Par Kamel Moulfi – La situation politique qu’a vécue notre pays durant ces derniers jours a fait passer, chez nous, au second plan de l'actualité, le décès de Gabriel Garcia Marquez, écrivain colombien, prix Nobel de littérature. Les Algériens ont une raison particulière de ne pas laisser passer cette triste nouvelle sans rendre hommage à Gabriel Garcia Marquez : durant notre guerre de Libération, il a été tabassé dans un commissariat parisien par des policiers qui l’ont pris pour un Algérien, mais ça ne devait pas être son seul «délit». Certains témoignages indiquent qu’il a non seulement sympathisé avec la cause algérienne pour l’indépendance nationale mais il a été aussi sollicité pour aider le FLN, ce qu’il a fait. L’éloignement géographique n’a pas empêché une étroite proximité, voire complicité, avec cet écrivain dont les profondes convictions anti-impérialistes n’ont jamais fait de doute. C’était un ami de l’Algérie et beaucoup, dans notre pays, apprécient le talent et le génie de ce monument de la littérature. Son engagement à diffuser et approfondir les expressions culturelles des peuples de l'Amérique latine et des Caraïbes s’est traduit par sa participation à la création, en décembre 1986, de l’Ecole internationale de cinéma et de télévision de Cuba, filiale de la Fondation du nouveau cinéma latino-américain (FNCL). Quelques années auparavant, en 1982, il fut même membre du jury du Festival de Cannes. Le lien est vite fait avec un autre grand homme du cinéma dans notre pays, mort lui aussi dans un contexte électoral qui faillit fausser tous les repères. Ahmed Hocine, moins connu, y compris dans son propre pays, est parti sur la pointe des pieds. Si la Cinémathèque algérienne doit prendre un nom un jour, ce serait le sien, lui qui en a été le fondateur et le premier directeur peu après l’indépendance, en 1964, jusqu’en 1979. Les cinéphiles algériens lui doivent les meilleurs moments qu’ils ont vécus.
K. M.
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