Pourquoi l’éradication du terrorisme tarde-t-elle alors que l’armée dispose de moyens colossaux ?
Le quatrième mandat de Bouteflika commence mal. Un attentat terroriste sanglant qui a coûté la vie à onze vaillants soldats de l’ANP et des bavures à répétition des forces de l’ordre à l’encontre de manifestants pacifiques. Les images diffusées sur les réseaux sociaux montrant des policiers malmenant et humiliant des citoyens qui célébraient le Printemps berbère à Tizi Ouzou sont inadmissibles. Ce comportement indigne d’agents de l’ordre pourtant rompus aux nouvelles techniques de dispersion des manifestations sans pertes humaines – morts ou blessés – et sans atteinte à l’honneur des protestataires étonne d’autant plus qu’il apporte de l’eau au moulin des militants extrémistes du MAK de Ferhat Mehenni. Dès lors, on s’étonne qu’aucun haut responsable n’ait été sanctionné suite à cette nouvelle bavure qui a choqué l’opinion publique. Pour mettre fin de façon radicale à ces dépassements impardonnables, des têtes doivent tomber, estiment des observateurs. La première bévue de Ghardaïa, où des policiers avaient été pris en photo indifférents face au déchaînement de violence entre les belligérants lors des affrontements intercommunautaires qui ont fait plusieurs morts, n’a pas suffi à faire en sorte qu’un tel dérapage ne se reproduise plus et que de tels écarts de conduite cessent définitivement. Une commission d’enquête avait été dépêchée à Ghardaïa et une enquête vient d’être ouverte pour le cas le plus récent de Tizi Ouzou. Mais la récurrence de ces empiétements des lois de la République par des éléments de la police sont le symptôme de graves manquements en haut lieu, qui doivent être sanctionnés, soit en forçant les premiers responsables de ce corps à déposer leur démission, soit en les relevant de leurs fonctions. Ces événements tristes interviennent à un moment où la situation sécuritaire a connu une sérieuse dégradation, suite à l’embuscade terroriste qui a ôté la vie à onze soldats, à la mémoire desquels nous nous inclinons humblement. L’attentat a été perpétré par les groupes islamistes armés encore en activité, alors même que les représentants du candidat à sa propre succession ont fait du thème du rétablissement de la sécurité par Bouteflika leur credo. Nous a-t-on menti ? Où est donc cette sécurité lorsque des embuscades meurtrières continuent d’être tendues sous nos yeux et aux portes de la capitale ? Pourquoi l’éradication de ce phénomène tarde-t-elle alors que le pays dispose de moyens colossaux, en armements, en hommes et en expérience ? Nous sommes en droit de nous poser la question de savoir s’il existe réellement une volonté d’y parvenir. Et dans le cas où cette volonté existait, «il faudrait alors se poser des questions sur la capacité opérationnelle de nos unités et donc de nos cadres», relève une source interrogée par Algeriepatriotique, qui ajoute que «nous sommes aussi en droit de poser la question de savoir si notre armée, telle qu’elle est dirigée actuellement, est en mesure de défendre le pays en cas d’agression étrangère, surtout au regard des moyens énormes que la nation consent pour cette noble institution». Notre source se demande, également, pourquoi des unités militaires ont été chargées de sécuriser des élections – selon le communiqué du ministère de la Défense –, «alors que ce rôle est dévolu à d’autres forces de sécurité». Notre source se demande, enfin, pourquoi le MDN s’est empressé de diffuser le bilan des terroristes abattus depuis le début de l’année, simultanément avec l’annonce de la mort des onze soldats : «A-t-on voulu étouffer des retentissements que ne manquerait pas de faire jaillir un tel séisme ? A-t-on besoin de prouver que nos soldats ne sont jamais restés l’arme au pied ? Ça, nous le savons depuis deux décennies : nos militaires ont toujours été par monts et par vaux pour défendre le pays !» insiste notre source, dubitative. Mais là n’est pas la question, selon elle : «Le problème se situe ailleurs.» Les représentants de Bouteflika, qui se sont gargarisés de slogans creux, répétant à tout bout de champ que la paix régnait depuis 1999, nous menaient-ils en bateau ou, alors, avons-nous affaire à des incapables à la tête de nos institutions ? Dans les deux cas, il y a lieu de s’inquiéter sérieusement si le Président réélu n’y remédie pas au plus tôt.
Karim Bouali