Interpol publie une notice rouge à l’encontre de Farid Bedjaoui impliqué dans l’affaire Sonatrach II
A la demande de la justice italienne, Interpol publie une notice rouge(*) à l’encontre de Farid Noureddine Bedjaoui, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères, et principal mis en cause dans l’affaire des pots-de-vin impliquant Saipem. Ce message d’alerte signifie que Farid Bedjaoui est recherché par les services de sécurité des 190 Etats membres de cette organisation internationale de police. Né le 20 septembre 1969 à Alger, Farid Bedjaoui est poursuivi pour association de malfaiteurs spécialisés dans la corruption. Homme de confiance de l’ancien ministre de l’Energie et des mines Chakib Khelil, Farid Bedjaoui est au cœur de ce scandale des pots-de-vin qui a provoqué un véritable séisme politico-économique aussi bien en Italie qu’en Algérie. Les juges italiens sont à ses trousses depuis l’éclatement de l’affaire en Italie, en février 2013. Ils ont réussi à découvrir et geler certains de ses avoirs, notamment au Liban. Clé de voûte de cette affaire, l’arrestation de cet Algérien à la triple nationalité – il dispose également de passeports français et canadien qui lui permettent une mobilité facile à travers de nombreux pays – est primordiale pour faire avancer l’enquête. Elle constituerait un pas de géant dans l’élucidation de cette affaire qui n’a pas livré tous ses secrets. Car, de l’avis des enquêteurs italiens, mettre la main sur ce principal accusé, c’est faire tomber toute l’organisation des malfaiteurs qui ont détourné à leur profit des centaines de millions d’euros provenant du pétrole et du gaz algériens. Grâce à des perquisitions dans les bureaux d’ENI et Saipem et le domicile de Paolo Scaroni, le PDG d’ENI-Saipem, à Milan, un lien a bel et bien été établi entre Farid Bedjaoui, certains dirigeants du groupe pétrolier italien ENI, à sa tête Paolo Scaroni, et Chakib Khelil. L’affaire porte sur une commission de 198 millions d'euros qui aurait été versée à Chakib Khelil et son entourage, par le biais de plusieurs sociétés off-shore détenues par son homme de main présumé, Farid Bedjaoui. Cette commission a été versée en contrepartie de huit grands contrats pétroliers d’une valeur de 11 milliards d’euros attribués frauduleusement à Saipem. Farid Bedjaoui a joué le rôle d’intermédiaire. C’est lui qui organisait les rendez-vous entre Chakib Khelil et les différents responsables de Saipem dont le directeur général, Franco Tali, le chef de l'exploitation, Peter Varone, le directeur financier, Alessandro Bernini, et l’ex-directeur général de Saipem-Algérie Tullio Orsi. Il a également mis en place les circuits de transfert de ces «commissions». Une véritable machine à corruption, mais qui est loin d’être infaillible. La justice italienne a découvert également l’existence de «rétrocommissions» renvoyées aux responsables corrompus italiens en guise de «remerciement» pour leur «gestion impeccable». Ainsi, ont été identifiées des «rétrocommissions» d'environ 10,5 millions d’euros, dont 5,29 millions ont été versés sur le compte de Peter Varone et 5,17 millions sur celui de Tullio Orsi. Au fur et à mesure que la justice italienne avance dans son enquête, l’affaire de Saipem – appelée affaire Sonatrach II en Algérie – se rapproche inexorablement de Chakib Khelil.
Sonia B.
(*) http://www.interpol.int/fr/notice/search/wanted/2013-41746