D’anciens militants du FFS et des résidus du FIS nostalgiques de Sant’Egidio créent une alliance
De triste mémoire, évoquant immanquablement les années noires qu’a vécues l’Algérie durant toute une décennie et dont les effets n’ont pas encore totalement cessé, Sant’Egidio n’a pas tardé du tout à refaire son apparition, dans le sillage de l’après-scrutin présidentiel du 17 avril. Un appel, dont Algeriepatriotique détient une copie, annonce la création d’une «Alliance nationale pour le changement» (ANC), par 13 personnes aux opinions tellement opposées, radicalement opposées, peut-on même écrire, qu’elles ont été obligées de prendre la précaution de préciser qu’«il n’est pas question ici pour quiconque de renier ses principes ou référents ou de légitimer ce qu’a fait ou compte faire «l’autre»». Mais quelle blague ! Cette déclaration est signée par d'anciens dirigeants du parti dissous comme Anouar Haddam et Mourad Dhina, et d'anciens cadres du FFS, à l'image de Samir Bouakouir et Karim Tabou, actuellement président de l'UDS. Sur cette liste, on trouve également des noms d'anciens partisans du Contrat de Rome, tels que l'ex-ministre Ghazi Hidouci, et une nouvelle recrue, Tahar Belabbès, porte-voix de la Coordination des chômeurs. Tout ce conglomérat milite aujourd’hui pour «une action citoyenne indépendante, nationale et visant à instaurer l’Etat de droit et la démocratie en Algérie». Hier, ils étaient (ils sont encore, puisqu’ils ne renient pas leur référents ou principes) pour la dawla islamya (Etat islamique), ne reconnaissaient ni mithaq, ni doustour (ni charte, ni Constitution) et admettaient que la démocratie est kofr (impie). Pour faire une telle reconversion, il faut croire qu’ils ont opéré un sacré changement, un terme tellement galvaudé ces temps-ci qu’il va finir par perdre tout son sens. Seulement, les Algériens ne sont pas amnésiques, c’est pour cela qu’ils n’auront aucune difficulté à voir dans cette ANC un cheval de Troie, la ruse guerrière par excellence dont sont champions les islamistes, pour leur permettre de revenir sur la scène politique. Il fallait à ces islamistes masquer leur passé avec la caution de personnes à l’allure «démocrate», voire également «laïque», même si celles-ci ont été, dans les années 1990, des éradicateurs invétérés. Les anciens du FIS-dissous ont donc, visiblement, réussi à agglomérer autour d’eux ces personnes et espèrent en tromper d’autres. L’essentiel, pour Anouar Haddam et Mourad Dhina, est de remettre au goût du jour la sauce Sant’Egidio concoctée, il y a près de vingt ans, par des étrangers et à l’étranger. Il ne faudra pas attendre longtemps pour voir apparaître les premières fissures de cette construction artificielle autour de personnes qui non seulement n’ont pas condamné les assassinats mais ont eu plutôt tendance à les expliquer et à justifier le terrorisme quand ils n’en ont pas été les inspirateurs par leurs déclarations et prises de positions liberticides.
Kamel Moulfi