Là-bas, ils démissionnent
Par Kamel Moulfi – Chung Hong-won est – ou plutôt était – Premier ministre de la Corée du Sud. Son geste devrait servir d’exemple à nos dirigeants. Chung Hong-won a démissionné ce dimanche 27 avril de son poste à la tête du gouvernement, à cause de son échec dans la gestion du naufrage d’un ferry, Sewol, qui a entraîné la mort ou la disparition de près de 300 personnes, le 16 avril dernier. Il n’a pas cherché à temporiser en attendant qu’une commission d’enquête soit mise sur pied, que les experts travaillent dans l’opacité et rendent leurs conclusions dans une discrétion totale, avec l’espoir que «d’ici là» tout serait rentré dans l’ordre et l’oubli ferait le reste. Il a suffi à Chung Hong-won d’être hué et d’être touché par une bouteille d'eau lancée par les familles des victimes lorsqu'il leur a rendu visite au lendemain de la catastrophe, pour comprendre que ses excuses présentées au nom du gouvernement pour le naufrage et le manque d'efficacité de la gestion de la situation ne suffisaient pas, voire ne servaient à rien. Les proches des victimes, révoltés par la lenteur des opérations de secours et choqués par la désinformation et la confusion dans les communiqués du gouvernement sur leur déroulement, ont également accueilli avec des insultes la présidente Park Geun-hye. Les critiques de l'opposition et du parti au pouvoir en Corée du Sud, qui ont réclamé la démission du gouvernement pour son incapacité à faire face à cette situation d’urgence, ont fini par convaincre le Premier ministre qui a choisi d’écouter ses concitoyens, de prendre en considération leur sentiment de colère et de partir. C’est le sens que l’on retient de sa démission et c’est en cela que son geste est exemplaire pour nos dirigeants qui devraient méditer longuement sur les paroles du Premier ministre sud-coréen : «J’ai été incapable d’empêcher cet accident et incapable d’en gérer correctement les suites. J’ai estimé en tant que Premier ministre que je devais assumer mes responsabilités et démissionner.» Depuis les inondations meurtrières de Bab El-Oued jusqu’au terrible accident de l’Hercules C130 qui a coûté la vie à plus de cent de nos concitoyens, aucun responsable n’a jamais démissionné. C’est la faute de l’orage et de la carlingue.
K. M.
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