Tout ça pour ça !
Par R. Mahmoudi – «Il faut que quelque chose bouge pour que tout reste en place.» C’est bien sur cette mécanique que le clan présidentiel a construit sa démarche pour se rasseoir sur le trône. Rameuter tous les Algériens pour mieux les brimer à la fin. Après plusieurs semaines de ce qui nous apparut comme étant des «batailles rangées» – mais qui se sont révélées n’être que de purs combats donquichottesques –, de polémiques passionnées et passionnantes qui ont fait croire, un moment, aux Algériens en l’avènement imminent d’une ère nouvelle, après tant de violences nourries par de faux espoirs et d’argent jeté par la fenêtre (des centaines, des milliers de milliards ?), voilà que toute chose reprend son cours normal, comme si de rien n’était : Bouteflika, reconduit à la tête de l’Etat au terme d’une des plus belles mascarades électorales de l’histoire, reprend aussitôt ses professions de foi – écourtées cette fois-ci – dans la pure tradition qu’il a fondée, à son arrivée il y a quinze ans. Le jour même, il renomme le chambellan de la cour à son poste de vizir, lequel s’attachera, avec le même entrain et la même disponibilité à se surpasser, à conduire la même politique populiste qu’il a toujours imprimée à son gouvernement. Il est clair que si Bouteflika refuse tout changement de Premier ministre, dans pareille conjoncture, cela prouve que l’élection qui lui a permis au plan formel de rester au pouvoir ne devait rien signifier d’autre pour lui et pour ceux qui l’ont aidé à se rasseoir. Tous les Algériens sont de nouveau mis devant le fait accompli dont ils ont cru un moment pouvoir s’affranchir. Ils vont devoir réapprendre à être plus fatalistes à l’avenir s’ils ne veulent pas avoir à se désillusionner à chaque fois, jusqu'à se mépriser soi-même. Le Président réélu pour un quatrième quinquennat vient de leur administrer la preuve que l’élection du 17 avril n’était qu’une simple formalité, comme le sont d’ailleurs toutes les élections passées. Et à venir !
R. M.
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