Le maréchal égyptien Al-Sissi ne s’est jamais vanté de pouvoir envahir l’Algérie en trois jours
L’information rapportée par un journal égyptien et reprise par plusieurs médias algériens, au sujet d’une prétendue «déclaration de guerre» du ministre de la Défense égyptien, Abdelfattah Al-Sissi, est fausse. Les propos du candidat à la présidentielle égyptienne «ont été sortis de leur contexte», ont affirmé des proches d’Al-Sissi au même journal, constatant l’ampleur prise par cette «révélation» qui a tout l’air d’avoir servi à faire du chiffre. Il s’agit donc d’un faux scoop. Plusieurs sources médiatiques et diplomatiques contactées par Algeriepatriotique ont déclaré, de façon unanime, que de tels propos provocateurs ne sauraient émaner de la direction politique égyptienne actuelle. Nos sources indiquent que cette «gaffe» est le fait d’un professeur qui était présent lors d’une rencontre avec le ministre de la Défense égyptien, qui en a déformé les propos. Les médias se sont alors empressés de relayer le sujet vu sa «gravité». Selon l’ambassade d’Algérie au Caire, cette information a vite été démentie dans le même journal qui s’en était fait l’écho le premier, sans doute sur injonction des responsables politiques égyptiens, mis dans la gêne par une telle bourde. Le maréchal Al-Sissi aurait, en réalité, vanté les mérites de l’armée de son pays, «l’armée de tous les Arabes», «tellement puissante» qu’elle «peut venir en aide à n’importe quel pays arabe, que ce soit le Maroc, l’Algérie ou la Libye». Quoi qu’il en soit, il est impossible que des propos bellicistes à l’égard de l’Algérie puissent être tenus dans le contexte actuel par de hauts dignitaires égyptiens. Le pouvoir égyptien, issu du coup d’Etat contre le président islamiste Mohamed Morsi, a déclaré une guerre sans merci contre la confrérie des Frères musulmans, dont les chefs sont accusés d’intelligence avec le Qatar. Or, en se mettant à dos cette puissance financière et gazière du Golfe, l’Egypte, qui traverse une des pires crises de son histoire, ne peut pas commettre l’erreur stratégique de perdre, en même temps, le soutien de l’Algérie aux populations égyptiennes auxquelles elle fournit de l’énergie en cette période où il est quasiment impossible pour Le Caire d’honorer ses engagements financiers en contrepartie de l’approvisionnement de ce pays exangue en gaz. D’un autre côté, la situation catastrophique qui prévaut dans le monde arabe, notamment en Syrie et en Libye, fait que l’Egypte est obligée de gagner, sinon le soutien, du moins la sympathie de la seule puissance régionale arabe encore «debout» dans la région. L’Algérie et l’Egypte ont uni leurs voix pour peser de tout leur poids au sein de la Ligue arabe et faire face à l’hégémonisme des monarchies du Golfe, avant que le CCG n’éclate, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït se sentant à leur tour menacés par le cupide régime de Doha. Toute cette histoire est donc une tempête dans un verre d’eau qui n’aura servi qu’à faire gagner de l’audience à un ou deux journaux.
Karim Bouali