«Rezk babak ?» (*)
Par M. Aït Amara – Derrière la fulgurante réussite des pays développés, il y a un travail de réflexion profond qui est mené depuis des décennies par les scientifiques pour définir le concept et les théories de la motivation. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur le travail pour améliorer sans cesse le rendement et assurer un mieux vivre ensemble en produisant de la richesse pour une majorité des citoyens. Pour cela, économistes, sociologues et psychologues du travail et autres spécialistes de la gestion des ressources humaines multiplient les travaux de recherche pour mieux comprendre le fonctionnement de l’entreprise, pilier du développement et du bien-être général. Pour cela, ils retracent l’évolution de la pensée dans ce domaine depuis l’Antiquité jusqu’aux temps modernes. Toutes ces recherches ont abouti à la conclusion que la réussite de l’entreprise dépendait des performances collectives, lesquelles sont elles-mêmes tributaires des performances individuelles. Ceci, pour la description du travail normal dans un pays normal. Il y a plusieurs années, le directeur d’une entreprise étrangère qui venait de s’installer en Algérie et qui se plaignait de ce qu’il n’arrivait pas à stabiliser son effectif plus d’une année après le lancement de son projet finit par comprendre la source de son problème : ce manager étranger ne connaissait pas l’Algérie et ignorait donc le tempérament algérien colérique et peu enclin à accepter qu’on lui intime un ordre. Notre chef d’entreprise dut alors se résigner à user d’un ton plus proche de la supplique que de l’injonction pour faire tourner sa boîte à peu près normalement. A Alger, il a découvert que les théories académiques qu’il avait apprises dans les grandes écoles qu’il avait fréquentées étaient loin d’être universelles. Gâtés par le SGT des années 70-80, où le travailleur assidu et le jean-foutre devaient toucher le même salaire – socialisme oblige –, les Algériens ont du mal à revenir à une certaine orthodoxie laborieuse, plus de trois décennies plus tard. Si bien que la seule théorie qui correspond au cas algérien est ce fameux credo que le tire-au-flanc lance au bosseur acharné, lorsque le premier constate que le second se tue à la besogne : «Rezk babak ?» Aucun scientifique ne s’est penché sur cette doctrine. Pourtant, ils devraient.
M. A.-A.
(*) «C’est le bien de ton père ?»
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