L’Algérie du bakchich
Par Kamel Moulfi – Depuis que son siège à Amsterdam a été perquisitionné par la police néerlandaise, le 11 mars dernier, les soupçons de corruption et de blanchiment qui pèsent sur le groupe de télécommunications VimpelColm (voir notre article) ont inévitablement rappelé la multiplication des affaires du même genre mêlant des sociétés étrangères et qui concernent l'Algérie directement ou indirectement. En effet, dans l'affaire Sonatrach, se trouve impliquée la société italienne ENI à travers sa filiale Saipem, qui aurait versé des commissions à des intermédiaires algériens via la société Pearl Partners Limited, basée à Hong Kong, laquelle appartenait, avant sa liquidation en janvier 2013, à Farid Noureddine Bedjaoui, actuellement recherché. On sait que, selon les investigations de la justice italienne, ces pots-de-vin ont été versés sur des comptes détenus en Suisse et aux Emirats arabes unis. Le montant total de ces commissions, mises à jour alors que l’enquête menée par la justice italienne n’en était qu’à ses débuts, est de l’ordre de près de 200 millions d’euros. Autre scandale, celui qui concerne SNC-Lavalin. Au Québec, la police canadienne a établi que cette société versait également des dessous-de-table à des intermédiaires pour l’obtention de marchés publics en Algérie. Après cette révélation, SNC-Lavalin a été exclue des marchés algériens. Ces deux affaires sont connues parce qu’elles ont été très médiatisées, mais il y a tout lieu de croire que le phénomène de la corruption pratiquée par des sociétés étrangères dans leurs quêtes de marchés en Algérie, pourrait être encore plus grave qu'on le pense. Certes, il est rare de trouver une affaire conclue entre deux opérateurs avec zéro corruption, il en est ainsi partout dans le monde. La corruption semble indissociable des affaires, comme si une sorte de fatalité imposait le pourboire dans les transactions. Mais quand son ampleur dépasse un certain seuil, il y a de quoi décourager l'investissement de sociétés sérieuses. C’est malheureusement le cas pour l’Algérie depuis quelques années.
K. M.
Comment (7)
Les commentaires sont fermés.