Le projet énergétique Désertec définitivement enterré ?

Le fameux projet Desertec, destiné à alimenter en électricité le continent européen à partir des plateformes solaires et éoliennes à installer dans les pays de la rive sud de la Méditerranée, dont l’Algérie, serait mort avant même d’avoir vu le jour. Et si jusqu’à présent le débat à ce sujet tournait autour des moyens de concrétiser cet immense ouvrage, notamment après le scepticisme affiché par certains experts, y compris dans le camp des sociétés qui y sont impliquées, aujourd’hui, on peut facilement dire que c’en est fini de ce projet. Et pour cause. Cinq groupes allemands, et pas des moindres, issus tous du pays le plus impliqué dans ce projet, ont jeté l’éponge en annonçant leur retrait de la société Desertec Industrial Initiative (Dii), mise en place pour mener à bon port le chantier et dans laquelle l’Algérie est associée à travers la Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz). Ainsi, après Siemens et Bosch qui ont pris leurs distances il y a déjà deux ans, c’est au tour du groupe de BTP et de services Bilfinger, de la compagnie d’électricité E.on et du groupe bancaire HSH Nordbank de se désengager de Desertec. Autant dire que les principaux partenaires et associés du consortium ont quitté le train avant même l’arrivée en gare, ce qui hypothèque définitivement l’immense projet, boudé par les Français. En plus de Sonelgaz, dix autres partenaires étaient impliqués dans Desertec Industrial Initiative. Il s’agit en effet des groupes et compagnies allemands Sahara Green (Sustainability Intelligence Consulting), E.ON (producteur d’énergie), RWE (producteur d’électricité), Bosch, Munich Re (Société de réassurance), Deutsche Bank, et Siemens, de l’espagnol Abengoa Solar (fabricant de matériel d'exploitation de l'énergie solaire), de la tunisienne Steg (Société tunisienne de l'électricité et du gaz), de la marocaine Masen (Agence pour l'énergie Solaire, Moroccan Agency for Solar Energy), de l’Union pour la Méditerranée et de Medgrid. Le consortium regroupant ces dix sociétés et institutions européennes et du pourtour méditerranéen, créé en 2009, visait à l'origine à couvrir une part des besoins en énergie de l’Europe en exploitant le potentiel solaire et éolien du sud de la Méditerranée. Le coût total du projet s’élevait initialement à 400 milliards d’euros. Reste à savoir maintenant si l’arrivée des Chinois, à travers China Electric Power Research Institute (CEPRI), une filiale du géant State Grid Corporation of China (SGCC), devenu actionnaire de Dii en décembre dernier, va changer quelque chose.
Amine Sadek
 

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