Le grand gagnant
Par Kamel Moulfi – De nombreux faits confirment le pronostic de l’échec des consultations sur la révision constitutionnelle, un échec prévisible pour des raisons maintenant évidentes qui ont conduit à l’isolement du pouvoir (voir Algeriepatriotique du 10 mai 2014). La personnalité d’Ahmed Ouyahia, qui ne fait pas consensus, n’est pas faite pour éviter à l’initiative présidentielle de déboucher sur une impasse alors qu’elle est censée aboutir, au contraire, sur un texte consensuel, c'est-à-dire susceptible d’avoir l’assentiment de la majorité et de ne pas susciter de conflits. Or, l’approche, elle-même, est l’objet d’un conflit entre le pouvoir et l’opposition qui s’en tient à l’idée de «transition démocratique» telle qu’elle a été proposée par des personnalités politiques qui n’ont, d’ailleurs, pas hésité à franchir le Rubicon en associant à leur projet l’ex-FIS, à travers les contacts pris avec deux de ses anciens dirigeants. Le parti dissous fait ainsi un retour sur la scène politique et il reste à savoir si ses représentants ne figureront pas parmi les «personnalités» qui seront destinataires des propositions d'amendements dégagées par la commission d'experts chargée de l'élaboration de la Constitution, ce qui voudra dire qu’ils feront également partie du consensus recherché par le pouvoir pour sa Constitution. Si cette hypothèse se produit, il ne fera alors aucun doute que le FIS dissous, déjà sollicité dans l’Alliance nationale pour le changement, aura été le grand gagnant de l’après-17 avril. On comprend la prudence d’Ali Benflis à s’engager dans les préparatifs de la conférence de l’opposition additionnée à son refus de participer aux consultations qui seront menées par Ouyahia. Si le projet de révision de la Constitution est soumis à référendum comme le prévoient nombre d’observateurs, il restera au peuple, par son vote, si la consultation est véritablement caractérisée par la transparence et la sincérité, de dire ce qu’il pense à la fois de la démarche du pouvoir et du texte auquel elle a abouti.
K. M.
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