Compromissions suspectes
Par R. Mahmoudi – La déclaration faite par le président de la cellule d'assistance judiciaire pour l'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, annonçant l’imminence de «nouvelles décisions» au profit d’autres catégories de «victimes» de la tragédie nationale, à l’image des «détenus du Sahara» – remarquons déjà le choix perfide de la terminologie –, les personnes incarcérées puis acquittées et d’autres, ne peut passer sans susciter des interrogations. Et même des doutes. Des doutes, parce que tout ce que le pouvoir en place entreprend ou feint d’entreprendre depuis la réélection controversée du chef de l’Etat est à mettre sur le compte de cette quête éperdue de nouvelles compromissions susceptibles de pallier un tant soit peu l’illégitimité qu’il traînera comme un boulet de fer. On connaît bien ces tentations depuis que Bouteflika a commencé à affectionner ce jeu de chantage à l’islamisme, en allant jusqu’à qualifier, un jour, l’arrêt du processus électoral de janvier 1992 de «première violence». Le responsable de cet organe officiel, dépourvu de toute autonomie d’action, a, certes, pris le soin d’évacuer toute possibilité que cette démarche puisse donner lieu à l’amnistie générale, comme le revendiquent de plus en plus ouvertement les porte-voix du parti dissous qui réclament, en même temps, la réhabilitation politique de leur parti et de ses anciens dirigeants exilés, mais il reste vague sur ses explications. Le fait-il par calcul ou par pur conformisme ? Il ne précise pas, par exemple, si la prise en charge de ces nouvelles catégories devrait concerner leur réhabilitation politique – parce que c’est de cela qu’il s’agit – ou, encore, l’absolution des terroristes jugés ou pas encore pour leurs crimes. Sur cette question, M. Azzi ne fait que reformuler des vœux déjà exprimés par le Président, lors de son discours d’investiture où il était question d’«approfondir» les dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation, et appliquer à la lettre des recommandations que le pouvoir voudrait faire passer dans la foulée du débat sur la révision de la Loi fondamentale, c’est-à-dire sans débat.
R. M.
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