Du patriotisme économique
Par Kamel Moulfi – Désormais, en France, les investissements étrangers sont soumis à autorisation préalable. C’est «pire» que le 51/49% appliqué chez nous. Arnaud Montebourg, le ministre français patriote, s’oppose à la prise de contrôle des entreprises françaises par les étrangers. Il a fait signer un décret dont le motif est imparable : «protection des intérêts stratégiques de la France pour la reconquête de notre puissance». Voilà comment réfléchissent les Français, pendant que nous leur offrons des cadeaux à travers des accords et conventions qui nuisent à notre économie. Au premier trimestre 2014, la France a exporté pour 1,96 milliard de dollars vers notre pays, alors que ses investissements productifs restent insignifiants (voir article sur Algeriepatriotique du 3 mai 2014). Le tour de vis de la France pour verrouiller son économie est donné au moment même où l’Union européenne (UE) nous demande de desserrer chez nous la protection en modifiant, comprendre «en inversant», la règle de partage d’actionnariat 51/49% concernant l’investissement étranger. Cela nous facilitera, promet l’UE, dont la France fait partie, l’entrée à l’OMC. Quelle bonne blague ! Et il y aura des perroquets en Algérie pour répéter cette insanité et s’indigner que l’on n’exécute pas la «suggestion» venue de Bruxelles. L’UE annonce la couleur avec le plus grand cynisme : entrez à l’OMC et votre ministère des Finances ne servira plus à rien, en attendant de dépouiller votre gouvernement de ses prérogatives. Le démantèlement tarifaire avec l’UE a déjà eu pour conséquence une perte de recettes pour le Trésor algérien équivalente à 3 milliards de dollars (voir article cité). Des think tanks «indépendants» et autres experts «avertis», et se prenant surtout au sérieux, répètent ce que leurs inspirateurs, de France, de l’UE et des Etats-Unis, n’appliquent pas chez eux. Si ce n’est pas bon pour eux, pourquoi le serait-il pour nous ? Cette question, les journalistes qui relaient les perroquets ne se la posent pas. A ce propos, faites une revue de la presse française après la décision de Montebourg et cherchez l’intrus dans l’unanimisme favorable qui va la commenter, dans les médias, les think tanks, les organisations patronales et même chez les ambassadeurs étrangers. Il n’y a pas de fausse note. Imaginons dans la bouche d’un ministre algérien cette phrase : «protection des intérêts stratégiques de l’Algérie pour la reconquête de notre puissance». Quelle hérésie ! Oser contester le statut de colonie à vie que la «communauté internationale économique» veut assigner à notre pays.
K. M.
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