Escalade sans précédent de la violence en Libye : quand Tripoli prend la défense des milices islamistes
En Libye, les enjeux deviennent de plus en plus clairs, à la lumière des nouvelles violences qui secouent le pays. La situation s'est subitement dégradée au lendemain de la désignation d’un chef de gouvernement intérimaire à la suite d’un énième coup de force au Parlement dominé par les islamistes. L’actuel gouvernement s’est dévoilé en prenant la défense des groupes armés constitués en majorité de miliciens islamistes, lorsque des positions de ces groupes ont été bombardées par des unités de l'aviation loyales à un général à la retraite, ce vendredi à Benghazi. Les violents affrontements ont, selon l’AFP, fait au moins trois morts. La force de Haftar était appuyée par des avions et des hélicoptères de combats qui ont visé des sites occupés par des groupes islamistes se présentant comme des «révolutionnaires» ayant combattu le régime de Kadhafi en 2011. Aussitôt, le chef d'état-major de l'armée libyenne, Abdessalem Jadallah, a démenti toute implication de l'armée régulière dans ces affrontements et appelé «l'armée et les révolutionnaires à s'opposer à tout groupe armé qui tente de contrôler Benghazi par la force des armes», faisant allusion aux unités loyales au général Khalifa Haftar. Ce dernier a, pour sa part ,évoqué une opération destinée à «purger» Benghazi des «groupes terroristes», selon un porte-parole de la force qu'il conduit et qui se fait appeler «l'armée nationale». «Ce n'est pas une guerre civile. C'est une opération de l'armée contre les groupes terroristes», a assuré un porte-parole de cette armée, Mohamed Al-Hijazi, lui-même ancien officier de l'armée régulière. Or, le chef du gouvernement intérimaire, Abdallah Al-Theni, a qualifié la force du général Haftar de «groupe hors-la-loi», lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a appelé les «ex-rebelles» et les habitants de Benghazi à la retenue, affirmant que l'armée libyenne «contrôlait la situation sur le terrain». Ce qui est évidemment loin d’être le cas, puisque l’insécurité dans la capitale est telle que l’Algérie a décidé de rapatrier en urgence tout son personnel diplomatique de Tripoli, à la suite d’une «menace imminente». Aujourd’hui, le régime de Tripoli redoute sérieusement une offensive des forces conduites par le général Haftar, qui jouit d’une large adhésion de la population de Benghazi, de ses tribus et des anciens militaires.
R. Mahmoudi