La guerre civile en Libye fait craindre à l’Algérie un impact direct sur sa sécurité intérieure
L’Algérie est de plus en plus préoccupée par la situation chaotique qui règne en Libye. Une situation qui touche directement à la stabilité de notre pays. La fermeture de la frontière décidée par les autorités algériennes est un signe indubitable que les événements qui se sont précipités ces derniers jours dans ce pays voisin allaient, d’une façon ou d’une autre, déborder sur l’Algérie. L’absence d’un Etat central fort, la prolifération de milices inféodées à des monarchies du Golfe, à des organisations terroristes ou encore à des officines occidentales, ainsi que l’entrée en lice d’une armée parallèle conduite par un général à la retraite, rendent la visibilité difficile dans ce pays où les armes circulent avec une facilité déconcertante. Cette anarchie qui menace jusqu’à l’intégrité de la Libye risque de déboucher sur une aggravation de la guerre civile qui y fait rage depuis le soulèvement contre le régime de Kadhafi. Les pays occidentaux qui ont concouru à la déposition puis à l’assassinat de l’ancien dictateur portent toute la responsabilité de ce qu’il se passe actuellement à nos frontières est. L’intervention impromptue des forces de l’Otan, sur instigation de l’ex-Président français Nicolas Sarkozy et du Premier ministre britannique David Cameron, a rompu un équilibre qui était déjà fragile dans toute la région du Maghreb et du Sahel. L’Algérie, en raison de sa situation centrale au Maghreb et de sa vaste superficie, a été la première à pâtir de cette situation nouvelle induite par l’interventionnisme de l’Ouest sous le couvert de la démocratie et des droits de l’Homme. La fermeture de la frontière avec la Libye intervient, justement, la veille de la visite que le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, effectue en Algérie. Si, du côté français, on insiste pour que l’Algérie joue un rôle plus important dans les opérations lancées par la France d’abord en Libye puis au Mali, à Alger, on ne semble pas prêt à pardonner à la France ses décisions précipitées et irréfléchies qui ont conduit à toute cette pagaille à ses frontières et qui l’oblige à mobiliser des moyens colossaux pour protéger son territoire, à un moment où le pays a besoin de toutes ses ressources pour rattraper un grand retard causé par près de vingt années de terrorisme et d’instabilité. L’Algérie voit d’un mauvais œil, en effet, la persistance de la guerre civile en Libye, alors que la France, qui en est la cause principale, a ouvert un autre front à sa frontière sud-ouest, l’obligeant à déployer ses troupes pour éviter toute attaque terroriste sur son territoire, à l’image de la prise d’otages du complexe gazier de Tiguentourine, laquelle avait été précédée par des attentats à Tamanrasset et Ouargla. Les discussions entre l'envoyé spécial français et ses interlocuteurs algériens risquent d’être houleuses ce mardi, à Alger.
Karim Bouali