Une fidélité sans faille
Par Kamel Moulfi – La participation de non-musulmans, Algériens d’origine européenne ou carrément Européens, de confessions chrétienne ou juive et, pour certains, athées, à notre guerre de libération a donné naissance, au fil du temps, à une formule – «défenseur de la cause algérienne lors de l'occupation française» – qui se veut la traduction officielle de moudjahid appliqué à ces hommes et femmes «à part» dont quelques-uns sont morts au maquis. Ceux qui ont survécu ont gardé une fidélité sans faille pour l’Algérie et se sont mis à son service, sur le territoire national ou là où ils étaient. Ils en ont donné la preuve durant la décennie noire, notamment au sein du Comité international de soutien aux intellectuels algériens (Cisia). La formule qui leur est réservée ne rend pas suffisamment compte de la qualité de leur engagement. Le journaliste Jean-Louis Hurst, décédé mardi dernier en France, a été bien plus qu’un simple «défenseur de la cause algérienne lors de l'occupation française». Officiellement, la qualité de moudjahid lui est refusée, comme aux autres combattants non musulmans, à part quelques exceptions. Il devrait y avoir un moyen, autre que cette formule alambiquée, pour «classer» Jean-Louis Hurst et les autres héros de sa trempe. Né en Alsace, instituteur puis officier de l’armée française, Jean-Louis Hurst a refusé de participer à la guerre coloniale et a rejoint «la cause algérienne». Sous le pseudonyme Maurienne, il a écrit un livre, Le déserteur, publié et interdit en 1960, mais qui a circulé sous le manteau, et a exercé une grande influence sur la jeunesse française. Membre des réseaux de «porteurs de valises», il a contribué à la création de Jeune Résistance, un mouvement qui a mobilisé les jeunes Français opposés à la guerre coloniale que menait l’armée de leur pays contre les Algériens. Mais, surtout, ce qui ne peut laisser indifférent concernant Jean-Louis Hurst, c’est sa volonté d’être inhumé en Algérie. Il reposera au cimetière chrétien de Diar Essaâda, à Alger, près d’Henri Maillot, Pierre Chaulet et Evelyne Lavalette, une sorte de carré spécialement dédié, à l’image de celui d’El-Alia, à ces moudjahidine «à part».
K. M.
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