Ne disait-on pas que le Maroc avait détrôné l’Algérie au Mali ?

Deux événements ont été organisés par le Maroc pour brouiller le statut de puissance régionale de l'Algérie : l'accueil en janvier à Rabat des leaders du MNLA et la visite au Mali au mois de février. La presse française, comme d'habitude, a été au rendez-vous pour gonfler l'ampleur des activités du roi du Maroc. Ainsi, France24 affichait des titres aussi fantaisistes que «Mohammed VI court-circuite Alger et s'offre une tournée en Afrique». «Mali : Alger agacé par le retour en force du Maroc», titrait le site Sahel Intelligence. «Le Maroc, l'acteur miracle pour régler la crise malienne ?» se demandait Jol Presse. Et les journaux marocains étaient unanimes sur une supposée «guerre de leadership entre le Maroc et l'Algérie sur le Mali». Ils sont allés jusqu'à dire que le «Maroc a détrôné l'Algérie au Sahel». Mais c'était sans compter sur le fait que le temps est un traître qui peut à tout moment mettre à découvert tout ce qui n'est pas vrai. Moins de trois mois après ces délires franco-marocains, avec l'escalade au Mali, la France ne s'est pas tournée vers le Maroc pour chercher de l'aide. C'est en Algérie que le ministre français de la Défense s'est rendu, un pays dont la coopération dans le cadre de la «lutte contre le terrorisme dans le nord du Mali» est qualifiée de « déterminante pour la stabilisation de cette région». Jean-Yves Le Drian se trouvait à Alger dans le but de renforcer la coopération sécuritaire entre les deux pays afin de contrecarrer les mouvements terroristes qui pullulent dans cette sous-région du Sahel, ce qui ne manquera pas d'agacer le Maroc, toujours jaloux des contacts entre Paris et Alger, à cause de ses visées colonialistes au Sahara Occidental. Cette visite a été qualifiée de tournant dans les relations entre la France et l'Algérie du fait que la France est intervenue militairement au Mali il y a plus d’une année, mais peine toujours à venir à bout des groupes terroristes qui constituent une menace sérieuse pour les Maliens, mais aussi pour les intérêts de la France dans la région. Selon un quotidien francophone d’Alger, l’appui d’Alger, aussi bien politico-diplomatique que militaire, est vivement sollicité par une France qui ne pourrait pas, ne serait-ce que sur le plan financier, maintenir durablement sa présence militaire renforcée dans ce vaste pays à la frontière sud de l’Algérie. Un point en faveur de Ban Ki-moon dans sa recherche d'une solution du conflit du Sahara Occidental sur la base des résolutions de l'ONU.
Mohamed Mahamud Embarec, Bruxelles
 

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