Le sous-sol faute de sursaut
Par Meriem Sassi – Selon le communiqué du Conseil des ministres réuni hier sous la présidence de Bouteflika, le gouvernement va s’atteler dans les cinq prochaines années au «développement de la sphère productive.» Un engagement certes louable, mais qui, malheureusement, laisse planer comme un air de déjà entendu, et attendu sans jamais, hélas !, être réellement vécu depuis quinze ans par les Algériens. Après plusieurs plans quinquennaux ayant tout au plus quelque peu amélioré les infrastructures de base du pays, les promesses telles que celles qu’égrène à nouveau le Conseil des ministres sont restées lettre morte. Il n’y a pas eu une petite avancée, il n'y a pas eu un début de décollage industriel ou des débuts prometteurs dans le secteur du tourisme. Il n’y a rien eu. Ce n’est pas du tout une vision «nihiliste» comme pourraient le penser certains, mais un aperçu de la réalité qu’on constate en faisant le bilan des secteurs les plus en vue de l’économie nationale. Au lieu d’encourager les investissements et la production nationale, la profusion de milliards déboursés grâce aux recettes tirées des hydrocarbures encourage la corruption et les détournements au détriment de l’économie. Le nombre de scandales financiers qui ont éclaté au cours des trois mandats de Bouteflika, dans le sillage des plans juteux dotés de budgets colossaux, est un indice sur les incohérences de la politique gouvernementale censée booster l’économie et l’investissement. Sur ce plan, d’ailleurs, l’attitude du conseiller commercial près l’ambassade américaine à Alger, Douglas J. Wallace, est un élément révélateur du peu de considération que les partenaires étrangers accordent à notre pays. Les milliards mis sur la table ne semblent en rien appâter les investisseurs étrangers, hormis les marchés purement commerciaux sans ancrage durable dans le pays, les hommes d’affaires étrangers sont plus enclins à se laisser guider par le «lobbying», un domaine que l’Algérie ne maîtrise pas du tout, contrairement au Maroc. Ainsi, Douglas J. Wallace déclare à l’occasion de la tenue de la FIA, durant laquelle son pays est pourtant «invité d’honneur», que «les Américains préfèrent investir au Maroc où, il y a huit ans déjà, les lois sont devenues très simples et la politique économique a changé en faveur d’une plus grande facilitation». Le diplomate, qui arrive tout droit du Maroc – où il réside d’ailleurs – s’en prend au dispositif réglementaire algérien encadrant l’économie dont la fameuse règle 49 -51% et regrette le «manque de transparence». Un avis qui est loin d’être «diplomatique» alors que les Etats-Unis ont dépêché quatre-vingts entreprises à la Foire internationale d’Alger. L’attitude du diplomate reflète pourtant l’inefficacité de la stratégie économique algérienne, notamment pour ce qui est de booster les IDE. Il reste à l’Algérie de compter encore et toujours sur son sous-sol.
M. S.
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