Nouveau gouvernement : la réponse de la ministre de l’Education au secrétaire général du FLN
Le vaste changement opéré par la nouvelle ministre de l’Education nationale, Mme Nouria Benghabrit-Remaoun, au lendemain de son installation à la tête de ce département difficile est une réponse cinglante aux déclarations d’Amar Saïdani. En effet, après la réélection de Bouteflika pour un quatrième mandat, le secrétaire général du FLN s’était empressé d’annoncer la formation d’un gouvernement politique où le FLN devait bénéficier d'une majorité de portefeuilles étant donné que c’est «la première force politique» du pays. Une fois le nouvel Exécutif connu, et après que l’opinion publique et la classe politique furent prises à contre-pied par le président de la République, en nommant de nouveaux ministres sans appartenance partisane, Amar Saïdani avait tenté de rattraper sa bourde, en déclarant que le gouvernement actuel était transitoire en attendant la désignation d'un nouvel Exécutif «définitif» qui serait composé, lui, de ministres issus des partis politiques ayant soutenu la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à sa propre succession. Amar Saïdani n’était pas le seul à avancer de telles allégations avec force conviction. Son rival au sein du même parti, Abdelaziz Belkhadem, avait, lui aussi, affirmé aux médias que le président Bouteflika avait décidé de privilégier le choix d’une sorte de coalition gouvernementale dans laquelle la priorité serait accordée aux jeunes et à la gent féminine. Les affirmations des deux responsables du FLN ont été balayées par les mesures aussi promptes que draconiennes prises par la remplaçante d’Abdelatif Baba Ahmed dès son installation en tant que nouvelle ministre de l’Education nationale. Des mesures qui indiquent clairement que l’actuel gouvernement a été doté d’une feuille de route pour mener à terme un programme fixé par la présidence de la République. Ce n’est donc pas un gouvernement de transition, mais bel et bien un gouvernement qui a pour mission de mener une réforme profonde, ne serait-ce qu’en termes de ressources humaines, puisqu’il s’agit de mises à la retraite et de la nomination d’un nouveau personnel d’encadrement dans les différents secteurs. Autre ministre à annoncer des mesures drastiques : Hamid Grine, qui se dit décidé à revoir de fond en comble les conditions d’octroi de la publicité institutionnelle à la presse écrite. Le nouveau ministre de la Communication ne semble pas avoir été nommé pour faire de la figuration. Lui aussi a été chargé d’une mission précise : mettre de l’ordre dans la corporation – à sa façon ou en consultant les concernés ? – après les graves révélations faites par Algeriepatriotique sur les dérapages qui entachent la distribution de cette manne censée soutenir la presse. Si Hamid Grine est sincère dans ses déclarations, il devra commencer par ouvrir une enquête sur les milliards accaparés par les propriétaires apparents et cachés du journal El-Adjwaa qui a créé une chaîne de télévision privée grâce à l’argent public ainsi détourné. Les nouveaux ministres ont carte blanche pour exécuter la feuille de route de Bouteflika. A eux de prouver leur capacité à réformer les secteurs pour l’amélioration desquels ils ont été nommés.
Karim Bouali