Mokri : «Aucune proposition ne sera prise en compte par le pouvoir»

Abderrezak Mokri, président du MSP, estime inutile toute participation des partis et autres acteurs politiques aux consultations lancées par le pouvoir en place sur la révision de la Constitution. Lors d'une conférence de presse animée aujourd’hui samedi au siège de son parti, le président du MSP se dit certain qu’aucune proposition ne sera prise en compte par ce pouvoir et que le «nouveau texte» constitutionnel est en train d’être préparé par des groupes occultes. Pour étayer ses propos, Mokri rappelle les consultations lancées en 2011 par Abdelkader Bensalah qui n’ont abouti à rien. «Nous avons participé, au MSP, à ces consultations et fait des propositions que nous ne retrouvons pas aujourd’hui dans la mouture que nous avons reçue», a-t-il dénoncé, considérant ainsi ces consultations comme un leurre, car, selon lui, la nouvelle Constitution ne va rien changer en termes de démocratie et de libertés, le régime politique actuel ne comptant pas consacrer une véritable alternance au pouvoir ni instituer un véritable contre-pouvoir. Pour Abderrezak Mokri, participer à ces consultations va juste servir à donner un semblant de «consensus» autour de la démarche. La solution idoine, à ses yeux, est tout de ne pas y aller et de «laisser le pouvoir seule face à son ombre». «Même les propositions des partis du pouvoir, à savoir le FLN et le RND, n’ont pas été prises en compte dans la mouture actuelle. A quoi va donc servir notre participation si ce n’est de contribuer à la légitimation d’un processus biaisé et rejeté par des secteurs larges de la société», a-t-il souligné, réaffirmant ainsi la position du MSP sur le sujet, qui est de ne pas participer à ces consultations. Mokri insiste, en revanche, sur la nécessité d’une transition démocratique pour aller vers un texte constitutionnel consensuel et encense dans ce sillage le travail que mène actuellement la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD) dont le MSP est membre. Pour lui, le diagnostic fait par les partis membres de cette coordination est juste. D’ailleurs, rappelle-t-il, le boycott de la présidentielle du 17 avril était massif. Le plus important, d’après lui, est de réussir la tenue de la conférence nationale pour la transition démocratique qui aura lieu le 10 juin prochain. Une conférence à laquelle sont conviées plusieurs personnalités politiques nationales, dont l’ancien président Liamine Zeroual.
La conférence sur la transition démocratique reportée au 10 juin
Réunis aujourd’hui au siège du Mouvement de la société pour la paix (MSP), les chefs de partis membres de la Coordination nationale pour la transition démocratique ont décidé de décaler de trois jours la tenue de la conférence nationale pour un changement pacifique. Ainsi, cette conférence à laquelle sont déjà conviées de nombreux partis et personnalités nationales aura lieu le 10 juin, au lieu du 7 du même mois. Les organisateurs ont évoqué des «raisons» techniques liées notamment à la disponibilité de la salle qui aura à abriter cet événement politique. Il faut rappeler que cette conférence est à son deuxième report. Elle devait se tenir initialement le 16 mai dernier. Mais le non-achèvement des consultations des partis et des personnalités a poussé les organisateurs à la reporter. Pour rappel, la CNLTD a été créée par les partis qui ont boycotté la présidentielle du 17 avril dernier, à savoir le RCD, le MSP, Jil Jadid, Ennahda, le Front pour la justice et la démocratique (FJD), et Ahmed Benbitour. Elle vise à fédérer toutes les forces aspirant à un changement démocratique pacifique. Pour ce faire, elle a rencontré plusieurs partis dont le FFS et des acteurs politiques dont Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali et Ali Benflis. La CNLTD cherche à éviter que la prochaine conférence ait un penchant partisan. Elle veut qu’elle soit une conférence nationale qui rassemblerait toutes les forces politiques qui réclament un changement démocratique. S’inspirant des expériences passées, la Coordination compte en effet définir le cadre, le mode et les instruments de cette transition. Autrement dit, cette conférence sera une première étape pour un long processus qui aboutira à une Constitution consensuelle.
S. Baker

 

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