Contrôle des passagers : Interpol accable les compagnies aériennes

Les compagnies aériennes ne prennent pas toutes les mesures nécessaires pour protéger les passagers contre tout acte terroriste. C’est le constat inquiétant du secrétaire général d’Interpol, Ronald K. Noble, qui, dans une lettre ouverte adressée à la fois aux compagnies aériennes des quatre coins du globe et aux gouvernements qui ont la responsabilité partagée d’empêcher l’utilisation de passeports volés pour prendre l’avion. Pour ce faire, il est impératif de vérifier les passeports sur le réseau Interpol. Mais le SG de cette organisation internationale des polices relève, non sans crainte, la non-utilisation de ce réseau par les compagnies aériennes. Jusqu’à présent, seule Air Asia s’acquitte de cette procédure capitale pour une sécurité optimale de ses vols. Cette mesure de sécurité n’est pas utilisée en Algérie. Autrement dit, Air Algérie, comme les autres compagnies du monde, n’interroge pas la base de données sur les documents de voyage volés et perdus d’Interpol. Le cri d’alarme d’Interpol est dû au fait que dans le vol MH370 de Malaysia Airlines, disparu le 8 mars dernier, il y avait deux passagers qui avaient embarqué avec des passeports volés, l’un autrichien et l’autre italien. Bien qu’aucun lien n’ait été encore établi entre l’embarquement de ces deux passagers avec des passeports volés et la disparition de l’avion de la compagnie en question, le risque, selon Ronald K. Noble, est «trop grand» pour que les gouvernements et les compagnies aériennes du monde entier «demeurent sans réagir». «Ni les médias ni le public n’ont compris comment deux passagers avaient pu embarquer sur un vol international en utilisant des passeports enregistrés comme volés dans les bases de données d’Interpol», souligne le SG de cette organisation qui s’inquiète encore davantage du fait que «moins de 10 pays vérifient systématiquement les passeports en interrogeant la base de données d’Interpol sur les documents de voyage volés et perdus (SLTD)». «En l’absence d’un tel contrôle, les malfaiteurs peuvent tout simplement utiliser des passeports valides pour franchir des frontières, puis poursuivre leur voyage en utilisant des passeports volés pour prendre l’avion sans avoir à s’inquiéter vraiment d’être repérés. Ils peuvent le faire en Malaisie comme en Algérie ou ailleurs. Nul n’est à l’abri de ces criminels», affirme le premier responsable d’Interpol qui affiche sa disponibilité à travailler avec les compagnies aériennes dans le but de les aider à empêcher des terroristes et de dangereux criminels de monter à bord de leurs avions en utilisant des passeports volés ou perdus enregistrés dans la base de données de cette organisation. Le SG d’Interpol rappelle dans ce contexte les normes internationales adoptées par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) qui disposent que «les exploitants d’aéronefs prendront les précautions nécessaires […] pour s’assurer que les passagers sont en possession des documents prescrits» par les Etats de transit et de destination et que, parallèlement, les Etats les y aideront. Pour faire face à ces nouveaux dangers, Interpol a conçu un programme appelé «I-Checkit» pour remédier à la faille évidente de sécurité que représentent les passeports volés et perdus. Pour sa mise en œuvre, elle lance une campagne mondiale de sensibilisation «Turn Back Crime», qui mobilisera toutes les composantes de la société, les différents secteurs d’activité comme le public dans le but de prévenir et combattre la criminalité. L’Algérie se soumet-elle à cet exercice qui renforce la sécurité du transport aérien ? Prend-elle suffisamment de mesures pour garantir un maximum de sécurité pour les passagers ? Si la sécurité est renforcée dans les différents aéroports du pays, et ce, depuis le détournement d’un Airbus à l’aéroport d’Alger en 1995, l’Algérie n’utilise visiblement pas encore la base de données d’Interpol relative aux passeports volés ou perdus. Doublement menacée par le terrorisme résiduel à l’intérieur et le nouveau terrorisme international qui la guette aux frontières, l’Algérie a toutes les raisons du monde de suivre les consignes et recommandations d’Interpol.
Rafik Meddour

 

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