Le Pen arrive
Par M. Aït Amara – La France semblait quelque peu épargnée par la montée fulgurante de l’extrême droite en Europe, mais les résultats des élections européennes disent le contraire. Hier, le parti de Marine Le Pen, le Front national, s’est adjugé la première place pour la première fois dans l’histoire de la France, devant l’UMP (droite) et le PS (gauche) au pouvoir. Un résultat qui apparaît comme un pas de géant vers la conquête des institutions politiques françaises dans les prochaines années. D’ailleurs, le fondateur du parti extrémiste de droite, Jean-Marie Le Pen, a planté le décor dès après l’annonce des premières prévisions, réclamant pas moins que la dissolution du Parlement. Le Front national se sent adoubé par la victoire européenne paradoxale de cette formation politique eurosceptique, qualifiée par la classe politique française de «séisme». La poussée de l’extrémisme en Europe n’est pas seulement due à la crise économique qui persiste dans cette région riche du monde. Elle est surtout la conséquence de l’hypocrisie des deux partis qui s’alternent au pouvoir depuis la naissance de la Ve République et qui, chacun, s’inspire «un peu» des idées lepénistes, mais sans trop se «salir» les mains. Face à une immigration «envahissante», la droite sous Sarkozy, puis la gauche sous Hollande, ont réuni – sans le vouloir – les ingrédients de leur propre déconfiture en cédant, finalement, aux desiderata d’un parti, le Front national, et non pas à une aspiration exprimée par une majorité de Français. Et au lieu d’inverser la tendance du racisme et de la xénophobie, les tenants du pouvoir en France n’ont cessé de donner du tonus aux propagateurs des idées ségrégationnistes et chauvines. C’est par l’Europe que le Front national va bientôt arriver au pouvoir en France, après qu’il aura laminé les forces politiques traditionnelles à la faveur d’une crise économique qui ira en s’amplifiant et de tensions géopolitiques qui s’exacerberont. La marche du Front national sur Bruxelles est le prélude à une Europe qui sera dominée par les partis d’extrême droite qui prédit que l’Union européenne se transformera en un «conglomérat de nègres». Le député autrichien qui a commis ce «lapsus» s’est excusé du «mauvais choix des mots» utilisés, non qu’il ait regretté son injure, mais parce qu’il sait que le temps n’est pas encore venu pour l’extrême droite d’étaler son jeu.
M. A.-A.
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