Paris justifie le «report» de la visite du juge Trévidic en Algérie
La visite du juge antiterroriste français Marc Trévidic, en charge de l’enquête sur les moines de Tibhirine, a été renvoyée à une date ultérieure. Ce report n’est pas synonyme d’annulation, assure le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal, au cours d'un point de presse tenu aujourd’hui vendredi, réaffirmant ainsi l’attachement de son pays «à ce que la lumière soit faite sur les circonstances tragiques qui ont causé la mort de ces hommes de paix». Le Quai d’Orsay insiste ainsi sur le fait qu’il s'agit d'un report. «La visite de M. Trévidic à Alger en novembre dernier s'est bien déroulée et a constitué une étape positive dans l'exécution de cette demande d'entraide. Les autorités judiciaires françaises et algériennes sont actuellement en contacts étroits pour préparer la prochaine visite de M. Trévidic en Algérie, dont le principe n'est pas remis en cause et qui devrait se tenir prochainement», a précisé le porte-parole, selon lequel «il est de l'intérêt de tous de connaître la vérité et notamment les circonstances de la mort des moines de Tibhirine». Il exprime aussi toute sa confiance dans «la qualité de la coopération en matière d'entraide judiciaire entre l'Algérie et la France». Le juge Trévidic devait se rendre en Algérie avec des experts et d'autres magistrats pour procéder à l'exhumation des têtes des sept moines assassinés en 1996, afin de lever définitivement le doute sur les circonstances de leur mort. Ces moines, rappelle-t-on, ont été enlevés puis exécutés par le GIA, suite à un arrêt brusque des négociations entamées entre le gouvernement français et le groupe terroriste. Le juge Trévidic enquête depuis des années sur une «possible bavure» militaire. En vain. Car tous les éléments probants et les témoins prouvent le contraire. Outre les faits, tous les spécialistes militaires interrogés par les médias, y compris français, écartent la thèse selon laquelle ces moines auraient été tués dans un bombardement de l’armée algérienne d’une zone montagneuse dépeuplée à Médéa. Des allégations véhiculées par quelques félons algériens, à leur tête Abdelkader Tigha, un ancien agent des services secrets algériens retourné, qui a reçu l’ordre de dire que les moines avaient été tués dans une bavure militaire. Ces allégations qu’un certain général François Buchwalter, en poste à l’époque à l’ambassade de France à Alger, avait tenté en 2009 de créditer, sans y parvenir. Pour de nombreux observateurs, cette affaire de l’assassinat des moines de Tibhirine dégage comme une «odeur de manipulation» des services français qui auraient échoué dans leurs «négociations secrètes – menées à l’insu des autorités algériennes – afin de les libérer des mains du sanguinaire chef du GIA, Djamel Zitouni.
S. Baker