Europol met en garde contre la prolifération des réseaux djihadistes en Europe
Les gouvernements européens ne cessent depuis quelques semaines de tirer la sonnette d’alarme sur les menaces que constitue un retour massif des terroristes liés au réseau d’Al-Qaïda partis combattre en Syrie. C’est ce qu’illustre un rapport d’Europol, qui publie des chiffres concernant l’ampleur de cette présence des «djihadistes» européens en Syrie, établi sur la base des alertes adressées par les Etats touchés par ce phénomène à cette organisation de l’Union européenne. D’entrée, le rapport parle de risques qui risquent d’augmenter «de façon exponentielle». Ces terroristes enrôlés dans le conflit syrien «peuvent chercher à mettre en place des réseaux de soutien logistique, financier ou de recrutement, et peuvent servir de modèles d’enrôlement pour les milieux extrémistes». La plus grande menace réside, pour Europol, dans la capacité de ses éléments de mener des attaques dans les pays membres de l’Union européenne, après avoir acquis le savoir-faire et tissé des réseaux de contacts. Déjà sept personnes ont été tuées dans 152 attentats terroristes à travers l’Europe au cours de l’année 2013. «Ce phénomène ajoute une nouvelle dimension à la situation de menace existant dans l'Union européenne, car elle fournit de nouveaux groupes dans les Etats membres avec les intentions et les capacités des terroristes qui peuvent entraîner des attaques terroristes avec des objectifs et des horaires inattendus», prévient Rob Wainwright, directeur d'Europol. Cette organisation estime le nombre de citoyens européens partis pour «le djihad» en Syrie, à la fin de 2013, entre 1 200 et 2 000. Alors que ce nombre pourrait éventuellement augmenter au cours de l’année 2014, vu l’évolution du conflit en Syrie et la multiplication des groupes se revendiquant d’Al-Qaïda. Europol avoue que la porosité de la frontière turco-syrienne est l’un des facteurs expliquant pourquoi il y a plus de «volontaires» venus d’Europe que d'Afghanistan, du Sahel ou du Yémen. Les auteurs du rapport préviennent ainsi que la Syrie «restera la destination de choix pour les combattants potentiels au départ des Etats membres de l'UE, aussi longtemps que la guerre civile perdure». Par ailleurs, Europol met en garde contre les risques d’autoradicalisation et d’autofinancement déjà constatés dans des pays comme la Belgique, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et le Royaume-Uni, où des arrestations (552 au total) ont confirmé l’existence de liens avec des groupes terroristes en dehors de l'UE, notamment au Maroc et en Turquie. Le rapport rappelle le cas d’une femme libérée après avoir été arrêtée, en juillet 2013, aux Pays-Bas pour liaison avec un réseau de recrutement pour la Syrie. Elle a réussi à s’y rendre elle-même ! Cela prouve au moins l’inefficacité des mesures prises pour endiguer ce flux de terroristes en Syrie qui ont aussi bénéficié des réseaux de trafic de documents de voyages, notamment dans les ex-pays de l’Est, comme la Bulgarie, et d’autres spécialisés dans la facilitation du déplacement des «volontaires», sous couvert d’actions humanitaires. Le rapport cite des organisations (Sharia4Belgium) qui activent en toute impunité en Belgique, où des mesures drastiques ont été prises récemment par le gouvernement pour démanteler ces réseaux.
R. Mahmoudi