Abdelaziz Bouteflika : l’interminable quête de légitimité
Lorsque j'ai entendu ce commentaire d'un journaliste de France 24 en arabe, concernant la cérémonie d'investiture du maréchal Abdelfetah Al-Sissi, en qualité de président de la République d'Egypte : «La cérémonie de prestation de serment du président élu, M. Abdelfetah Al-Sissi s'est déroulée en présence d'une faible représentation des pays occidentaux», le cas d'Abdelaziz Bouteflika m'est immédiatement revenu en tête. En effet, l'image d'Abdelaziz Bouteflika a été durablement ternie et écornée par la mascarade d'avril 2014, boycottée par la majorité des électeurs algériens et une grande partie de l'opposition représentative et de la société civile, qui avaient décelé chez le pouvoir, aux abois, en raison de l'état de santé défaillant de son candidat, une intention de fraude massive, qui allait pervertir la consultation électorale programmée, jouée d'avance en faveur du président sortant, malgré tous les inconvénients que sa candidature présentait pour notre pays. La présence timide des pays occidentaux à la cérémonie de M. Al-Sissi avait cependant été largement compensée par la qualité de l’aréopage arabo-islamique qui s'est réuni au Caire à cette occasion. En tout état de cause, que dire d'Abdelaziz Bouteflika, qui a pourtant, depuis 1999, assisté ou s'est fait représenter à de nombreuses cérémonies de ce genre, à l'étranger ? Aucun de ses homologues étrangers, d'aucun continent, n'a daigné assister à la cérémonie d'investiture pour son 4e mandat. Pis, alors que M. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, lui avait demandé de «travailler avec l'opposition algérienne», ni le président des Etats-Unis d'Amérique, dont le secrétaire d'Etat John Kerry était pourtant la veille de l'élection présidentielle à Alger, ni l'Union européenne n'avaient envoyé de messages de félicitations à Abdelaziz Bouteflika pour sa problématique réélection. Abdelaziz Bouteflika est donc de fait mis en quarantaine par les forces saines du pays, qui ont refusé de faire partie du gouvernement d'union nationale qu'il voulait former après la mascarade du 17 avril 2014 ou d'être associées aux consultations sur une Constitution consensuelle, menées par Ahmed Ouyahia.
Moralité : réciprocité diplomatique ou pas, il est absolument difficile de gagner la bataille de la légitimité internationale quand on a perdu celle de la légitimité nationale.
Rabah Toubal