Au diable l’éthique !
Par Kamel Moulfi – L’information à propos d’une demande d’augmentation de salaire suggérée par le président du Syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Aidouni, et présentée comme un des mécanismes, le principal visiblement, devant garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire, a été largement reprise dans la presse. Elle laisse penser que ce qui a motivé les magistrats dans le choix de cette profession, pour laquelle une éthique irréprochable et la plus grande rigueur sont indispensables, est uniquement l’argent. Ce n’est pas loin de la réalité. La réputation de la justice en Algérie, auprès des petites gens, est entachée par l’idée qu’elle n’existe pas, à cause du pouvoir qu’a l’argent de transformer les données d’une affaire et de changer le cours d’un procès. Généralement, l’indépendance de la justice est évoquée en rapport avec les pressions exercées sur elle par le pouvoir politique. C’est un des thèmes du semblant de débat autour de la révision de la Constitution : séparation des pouvoirs et indépendance de la justice. Mais dans le contexte de l’Algérie, c’est l’argent de la corruption qui constitue la première menace sur l’exercice du métier de magistrat. On comprend le ravage que fait l’argent dans ce corps, quand on sait que la société attend des juges et des avocats qu’ils soient parfaitement intègres dans leur vie professionnelle et cette exigence s’étend parfois jusqu’à la vie personnelle. L’argent s’est incrusté dans les têtes et a pris la place de la conscience professionnelle, quasiment détruite par cet intrus qui évidemment balaie l’éthique et la déontologie qui le gênent. Drôle d'époque : il faut payer les juges plus pour «combattre» la corruption. Il n'est donc pas question de moralisation de la justice, mais de surenchère ! L'argent, l'argent et encore l'argent. Il faudra donc aussi de gros salaires (donc plus d'argent) pour les enseignants, les médecins et tous les autres corps de métiers pour qu'ils fassent leur travail convenablement. Au diable l'éthique !
K. M.
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