Guerre en Syrie : l’arme de l’eau entre les mains de la Turquie
Gilles Munier, journaliste français indépendant, vient de confirmer dans un article repris par plusieurs sites d’information la place des ressources hydriques dans l’arsenal utilisé par la Turquie dans son acharnement contre la Syrie. Il est facile de voir sur une carte de géographie de la région que les conditions de vie des habitants de la Syrie, autant que de l’Irak, sont, comme le souligne Gilles Munier, étroitement liées au débit du Tigre et de l’Euphrate, et c’est la Turquie qui tient les vannes. Gilles Munier rappelle comment, «quand Suleyman Demirel, Premier ministre turc a lancé le programme GAP – construction de 22 barrages et de 19 centrales électriques sur le Tigre et l’Euphrate – Hafez Al-Assad et Saddam Hussein lui prêtèrent une arrière-pensée, celle de donner un jour à la Turquie un énorme moyen de pression sur leurs pays», l’eau des barrages sur ces fleuves pouvant servir, en cas de guerre, «à inonder leur pays ou à assoiffer leurs peuples.» Il rappelle également ce que Demirel pensait de la revendication de ses voisins de partager les eaux des deux fleuves. Il leur avait répondu en 1992 : «Nous ne réclamons pas de partager leurs ressources en pétrole, ils n’ont aucun droit sur nos ressources en eau.» Il y avait, note Gilles Munier, «un accord de partage des eaux entre les 3 pays, engageant la Turquie à laisser s’écouler un minimum de 500 m3 par seconde en direction de ses voisins». Depuis le déclenchement de la guerre civile en Syrie, fait constater Gilles Munier, «ce cauchemar est en passe de devenir réalité». Il montre comment «la décision du gouvernement turc de réduire le débit de l’Euphrate vers la Syrie, puis de le bloquer, a provoqué l’arrêt des turbines électriques du barrage Tichrin (Octobre) et une baisse de plus de 6 mètres du lac artificiel Assad». Ce sont quelque 7 millions de Syriens qui, de ce fait, risquent d’être privés d’eau potable, fait-il observer. Il décrit la situation catastrophique vécue à Alep, «touchée depuis plusieurs mois par une grave pénurie d’eau et d’électricité, les habitants des quartiers pro-Assad font la queue derrière les camions-citernes de l’armée, ceux des quartiers tenus par les rebelles se contentent de ce qu’ils récupèrent ici ou là… ou sont la proie de trafiquants».
R. N.