Les djihadistes ont une armée
Par Kamel Moulfi – Si les informations concernant l’Irak ont fait irruption, à nouveau, dans l’actualité, c’est parce que quelque chose de différent des voitures piégées qui explosent chaque jour à Baghdad et d’autres villes est en train de se produire dans ce pays. Sur fond de conflit entre sunnites et chiites, qui traduit, dit-on, la rivalité dans la région entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, l’organisation terroriste appelée l'Etat islamique en Irak et au Levant a pris le contrôle de plusieurs provinces et grandes villes irakiennes, dont Mossoul. Il doit sans doute y avoir une part d’exagération et de désinformation dans ce qui est rapporté à propos de l’offensive de ce groupe, mais l’annonce de sa progression vers la capitale est une indication sérieuse sur le risque de désintégration de l’Irak, qui a commencé, en fait, avec la constitution d’une entité kurde à l'est. Les médias ont fait état d’une armée irakienne en pleine déconfiture et de nombreux observateurs vont jusqu’à pronostiquer sa totale déroute, ce qui laissera la voie libre aux djihadistes qui ont réussi à passer du stade de groupes terroristes, qui font exploser des bombes artisanales, à celui d’une armée bien dotée et structurée. De très faibles échos concernant cette évolution des événements parviennent de la prétendue «communauté internationale», représentée dans ce cas principalement par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, qui s’était servie de prétextes fallacieux pour envahir l’Irak et faire pendre son président Saddam Hussein, puis occuper ce pays durant plusieurs années, avant de le quitter dans la précipitation en le laissant dans une situation chaotique, au point où les attentats à la voiture piégée qui entraînent des dizaines de morts chaque jour ont fini par devenir un fait banal que les médias ont relégué dans leurs rubriques consacrées aux faits divers. Un peu plus de dix ans après cette intervention des troupes américaines censée apporter aux Irakiens la démocratie et les droits de l’Homme, le bilan de la politique de guerre qu'ont menée les Etats-Unis est catastrophique.
K. M.
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