Cnepgate
Par Meriem Sassi – Un nouveau scandale financier serait-il en train de voir le jour en Algérie après celui de Sonatrach et ses révélations en cascade sur l’ampleur des détournements des deniers de l’Etat ? La mise sous contrôle judiciaire, par le juge d’instruction près le tribunal d’Oran, du staff dirigeant de la Cnep-Banque, dont le président-directeur général, n’augure rien de bon et pourrait se transformer en une énième affaire de corruption et d’utilisation frauduleuse de l’argent public pour l’enrichissement de cercles maffieux. Cette affaire de «dilapidation de deniers publics et association de malfaiteurs» a éclaté à Oran suite à l’octroi d’un crédit pour une société de promotion immobilière, alors que ce même promoteur avait été condamné pour non-remboursement d’anciens crédits octroyés par la BNA et fuite de capitaux vers l’étranger. Les banques publiques qui mettent de l’avant constamment les règles prudentielles pour justifier le manque de crédits octroyés aux PME dont la réputation est pourtant au-dessus de tout soupçon et dont les garanties sont suffisantes, octroient cependant des largesses à des promoteurs immobiliers douteux, voire déjà condamnés par la justice. L’investissement productif privé est ainsi hypothéqué malgré les avantages que pourrait en tirer le pays en termes de création de richesses et d’emplois, dans un contexte où l’injection de milliards sans discernement dans les entreprises publiques n’a en rien redynamisé la production nationale. L’affaire de la Cnep-Banque n’a pas encore révélé tous ses secrets, mais les faits jugés semblent en tout cas assez graves pour que le parquet d’Oran requière la détention provisoire, avant que le juge d'instruction ne place l'ensemble des cadres mis en cause sous contrôle judiciaire. Cela étant dit, les cadres incriminés ne sont probablement, comme dans toutes les affaires de corruption révélées précédemment, que la partie visible de l’iceberg, voire les boucs émissaires qui devront éventuellement payer à la place de commanditaires dont les noms resteront, selon la tournure que prendra l’affaire en cours, inconnus ou tout au plus révélés, mais sans qu’aucun tribunal n’ose les traduire en justice. C’est justement le cas dans l’affaire Sonatrach.
M. S.
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