Comment l’Algérie a pu échapper à la crise financière internationale

«La crise mondiale n'a eu quasiment aucune incidence sur le système financier de l'Algérie qui reste stable dans l'ensemble, mais très insuffisamment développé.» C’est là l’une des conclusions auxquelles ont abouti les experts du Fonds monétaire international (FMI) dans une évaluation du système financier algérien, qui vient d’être publiée. Le FMI a, en effet, rendu publique une longue étude de 68 pages consacrée au système financier algérien dans laquelle les experts de cette institution mondiale se sont livrés à une analyse profonde du secteur, ses caractéristiques, ses forces et ses faiblesses, et son impact sur l’évolution de l’économie nationale, tout en proposant quelques pistes qui devraient permettre une meilleure maîtrise et un meilleur fonctionnement financiers. La conclusion des experts du FMI nous rappelle d’une certaine manière le commentaire qui avait été fait en 2008 en pleine crise financière internationale par l’actuel directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, alors Premier ministre, qui avait estimé que la déconnexion du secteur financier algérien du système monétaire international a sauvé l’Algérie de la contagion. «Compte tenu de la petite taille du système financier de l'Algérie, de la participation significative de l'Etat et d’une intégration limitée aux marchés financiers internationaux, il n'y a pas de vives préoccupations de stabilité financière», constate d’ailleurs l’étude du FMI. Pour les experts du FMI, «l'analyse de stabilité ne montre qu'une vulnérabilité modérée du système financier aux chocs». Le FMI énumère quelques autres facteurs, en sus de la déconnexion du secteur financier algérien du système financier international, qui ont contribué à sauver les meubles en Algérie lors de la crise financière internationale dont les répliques et l’impact se font ressentir jusqu’à aujourd’hui à travers le monde. «Le système financier algérien n’a pas été très touché par la crise financière mondiale du fait de son exposition internationale limitée. Les dépôts bancaires sont suffisants pour financer les faibles niveaux de crédit bancaire. Les restrictions sur les mouvements de capitaux limitent les investissements à l'étranger des institutions algériennes, et contrairement à certaines autres économies émergentes, les sociétés mères de filiales étrangères n'ont pas été soumises à rude épreuve», ajoutent les auteurs de l’étude. «Les marges de manœuvre extérieure et budgétaire de l'Algérie sont substantielles, grâce aux cours élevés du pétrole, et on a pu constater que l'Etat est apte et prêt à soutenir les banques», assurent les auteurs de l’étude qui relèvent, cependant, certaines insuffisances dans le domaine. «Les tests de résistance indiquent que la concentration du crédit et plus particulièrement celle des prêts sont les principaux risques bancaires, et que les banques publiques sont les plus vulnérables. Celles-ci sont notamment très exposées aux grandes entreprises d'Etat des secteurs de l'industrie manufacturière, du bâtiment et du commerce, et dès lors à la merci des chocs spécifiques à une entreprise et à un secteur», notent ces experts. Pour eux, «les marges de manœuvre extérieure et budgétaire dont dispose l’Algérie sont grandes et constituent un amortisseur important en cas de choc sur le secteur financier».
Amine Sadek
 

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