Le FFS est allé chez Ouyahia sans propositions
Le Front des forces socialistes (FFS) continue de se distinguer par ses positions pour le moins étranges. Après avoir décidé de participer aux consultations sur la révision de la Constitution, une délégation du parti est allée aujourd’hui à la rencontre du directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, auquel elle a remis une lettre explicative du sens de sa participation à ce processus visant à changer la loi fondamentale. Dans cette lettre rendue publique, le FFS précise ainsi qu’il a répondu à l’invitation sans pour autant effectuer des propositions. «Nous n’allons pas entrer en matière pour porter un jugement de valeur sur les révisions proposées. Nous ne sommes pas non plus porteurs de propositions d’amendement car le parti est persuadé que ce texte ne répond qu’à un souci de gouvernance du régime à court terme, mais ne règle pas au fond la crise multidimensionnelle, à la fois politique, économique, sociale, culturelle, voire morale qui accable le pays», souligne le FFS, estimant que, de son point de vue, «une Constitution qui ne prend en compte que les intérêts du pouvoir n’aura pas le consensus nécessaire à sa stabilité». «Toute Constitution devrait refléter un consensus aussi large de la population. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui», poursuit-on. «Nous sommes ici pour vous faire part, et à travers vous au président de la République, des doléances, pour ne pas dire de la colère de nombreux citoyens dans le pays qui n’ont pas accès aux services sociaux de base, les communes n’ayant ni l’autonomie administrative, ni l’autonomie financière pour y pourvoir. Le chômage des jeunes est alarmant. Un plan national dans ce domaine s’impose plus que jamais car il y va de l’avenir du pays. A-t-on besoin de réviser la Constitution pour cela ?» se demande le plus vieux parti de l’opposition. Il affirme également avoir répondu favorablement à l’invitation d’Ouyahia pour lui exprimer «la profonde préoccupation de la population sur l’avenir de nos ressources pétrolières, gazières, hydriques et solaires, exposées à l’appétit vorace et impitoyable des multinationales soutenues par leurs gouvernement respectifs, sentiment porté à son paroxysme après les récentes déclarations sur l’autorisation donnée à des firmes étrangères de prospecter le gaz de schiste». Le parti de Hocine Aït Ahmed demande ainsi au gouvernement à s’interdire d’hypothéquer, en l’absence de tout débat, les ressources naturelles du pays, un bien commun de tous les Algériens de cette génération et de celles à venir. «A-t-on besoin de la révision de la Constitution pour cela ?» s’interroge le FFS qui interpelle le président de la République sur «les engagements non tenus du pouvoir d’instaurer un Etat de droit, respectueux des libertés individuelles et collectives et de démocratiser les institutions». Le FFS rassure néanmoins le système sur son souhait vivement exprimé de reconstruire un consensus national pour le changer pacifiquement, lequel objectif ne vise pas à porter atteinte à l’administration nationale et locale qui œuvre dans sa grande majorité à servir dignement et honnêtement notre Etat à tous mais, au contraire, à la consolider en l’adaptant à un environnement national, régional et international en mutation profonde et rapide. «N’ayez donc pas peur du changement, il ne sera pas fait contre vous mais avec vous», soutient le FFS qui donne les «quatre raisons» pour lesquelles il a choisi d’aller à la rencontre d’Ahmed Ouyahia. La première raison est «la volonté de dialogue qui a toujours animé notre parti et notre président Hocine Aït Ahmed depuis la création du FFS en 1963». La deuxième est de «réaliser un consensus national entre les acteurs politiques, du pouvoir, de l’opposition et de la société civile». La troisième est «le devoir patriotique de témoigner et d’alerter le pouvoir sur le danger que court le pays pour son unité, son intégrité territoriale, sa sécurité, ses ressources et l’avenir des futures générations si des changements urgents, impératifs et vitaux ne sont pas initiés dès à présent, avec une approche systémique et inclusive, qui associe tous les acteurs du monde politique et les représentants de la société civile». La quatrième et dernière raison invoquée par le parti est sa fidélité «au juste combat historique de notre président Hocine Aït Ahmed de construire une Algérie libre et démocratique, en restituant au peuple algérien son droit à l’autodétermination».
Rafik Meddour