Des messages dans le message
Par Kamel Moulfi – Faute d’avoir su prévenir à temps l’attaque du 11 septembre 2012 contre la résidence diplomatique américaine à Benghazi, qui avait fait quatre morts, parmi lesquels l'ambassadeur américain en Libye, Barack Obama se contente de tirer vanité d’un raid, opéré dans la nuit de samedi à dimanche dernier, au cours duquel Ahmed Abou Khattala, suspecté d’être l’un des responsables de l’attaque, a été capturé aux alentours de Benghazi. Bien que le porte-parole du Pentagone ait fait savoir que les autorités libyennes étaient au courant de cette opération qui se préparait depuis des mois, il semble qu’elle a eu lieu sans leur aval. Commentant, hier, cette opération secrète, effectuée dans un pays livré pratiquement au chaos, le président des Etats-Unis a annoncé que cette façon de faire, c'est-à-dire une opération secrète des forces spéciales menée en n’importe quel point du monde, «là où on s’en prend à des citoyens américains», fait partie intégrante de sa politique extérieure. Evidemment, le «message» de Barack Obama ne concerne sans doute que les Etats défaillants comme la Libye où le pouvoir central n’a jamais réussi, depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, à contrôler l’ensemble du territoire et à y installer son autorité, comme le prouve la guerre sans issue qui s’y déroule entre milices et contre-milices, les deux très fortement armées. Mais la Libye étant un pays frontalier de l’Algérie, il n’est pas exagéré de dire que la menace américaine, si elle ne vise pas directement les autres pays de la région, dont le nôtre, elle s’en rapproche cependant dangereusement. D’autres lectures du discours sont faites par les observateurs et analystes. Il y a ceux qui voient dans le «message» d’Obama des paroles destinées à rassurer son personnel diplomatique qui se trouve à l’étranger dans des situations pour le moins difficiles et en danger, d’autant plus que la thèse de la négligence des responsables américains dans l’attaque contre leur consulat à Benghazi continue à être avancée aux Etats-Unis. La fermeté du ton qu’emploie Obama serait surtout à «usage interne», comme on dit, pour sa propre opinion publique déçue par les contre-performances de la politique étrangère des Etats-Unis en Syrie et en Ukraine, sans compter les nouveaux développements en Irak qui ont mis à nu l’échec de la guerre menée dans ce pays, durant de longues années, sur la base de motifs fallacieux.
K. M.
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