L’Armée nationale populaire et le défilé du 14 Juillet en France : participera, participera pas ?
Plusieurs organes de la presse internationale persistent à croire que l’Algérie pourrait prendre part au traditionnel défilé militaire du 14 Juillet à Paris, pour la première fois de son histoire, alors qu’aucune annonce officielle n’a été rendue publique. Ces médias en donnent même des détails, en précisant que cette participation serait essentiellement symbolique et se limiterait à une garde du drapeau (algérien) par trois soldats de l’ANP. Certains titres, citant des sources proches du secrétariat d’Etat français aux Anciens combattants, affirment que l’invitation aurait été «officiellement» adressée à l’Algérie par le président François Hollande, tout en précisant que «les choses peuvent encore changer» d'ici au 14 juillet. A Alger, le silence du gouvernement sur cette question alimente toutes les supputations. Les craintes d’un «marchandage secret» avec la France sont justifiées – dans l’imaginaire des Algériens – par des signes de «connivence» de Paris avec le pouvoir algérien représenté par le président Bouteflika. Seule l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a réagi, en excluant toute participation de l’Algérie à cette parade militaire, qui coïncidera cette année avec la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale (1914-1918). L’ONM garde son statut de «gardienne» de la mémoire de la Révolution algérienne et d’unique interlocuteur pour toutes les questions ayant trait à l’histoire et à l’héritage mémoriel de l’Algérie. Dans une intervention intempestive, son secrétaire général, Saïd Abadou, est catégorique. Il dément toutes les informations répercutées ces derniers jours par la presse, reprenant des déclarations attribuées au ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, disant avoir reçu l’accord de l’Algérie lors de sa dernière visite à Alger. Ces informations avancent que l’Algérie serait représentée par trois hauts officiers de l’ANP. Abadou estime qu’il n’est pas question que l’Algérie participe à ce genre de commémorations, «tant que la question de la criminalisation du colonialisme reste en suspens». «L’Algérie, insiste-t-il, ne peut y participer que dans le cas où les relations entre les deux pays sont normalisées, c’est-à-dire lorsque la France reconnaîtra les crimes commis par le colonialisme en Algérie et acceptera d’indemniser l’Algérie pour tous les dégâts, humains et matériels, occasionnés par la présence coloniale». Sur un ton incisif, il conclura par cette sentence : «L’amitié (entre l’Algérie et la France, ndlr) passe impérativement par une demande de pardon. Que cela soit bien clair pour les Français !» En France, cette polémique a aussi nourri l’aversion des milieux d’extrême droite, hostiles à toute normalisation des relations avec l’Algérie. Deux figures de proue du Front national, le député Gilbert Collard et le vice-président du parti, Louis Aliot, se sont empressés de créer un collectif «Non au défilé des troupes algériennes le 14 juillet 2014», afin de s'opposer à la présence de l'armée algérienne le 14 juillet.
R. Mahmoudi