Tourisme algérien : le discours creux du gouvernement

«La qualité, un pari gagnant… agissons ensemble.» C’est là le slogan choisi par le ministère du Tourisme pour célébrer, mercredi prochain, la Journée nationale du tourisme. Le communiqué de presse du département dirigé par Mme Yamina Nouria Zerhouni constitue un concentré de langue de bois difficile à assimiler, tant ses rédacteurs feignent ignorer une réalité très amère d’un secteur aux abois malgré l’immense potentiel dont il dispose. Et lorsque les rédacteurs du communiqué officiel affirment, pince-sans-rire, qu’à travers cette célébration, le ministère «vient encore une fois montrer les efforts fournis par le secteur pour propager la culture touristique au sein des citoyens et des professionnels, et insuffler l’esprit d’initiative afin de développer la destination touristique algérienne», on ne sait si on doit rire ou en pleurer. Pendant que les grosses destinations touristiques du pourtour méditerranéen, pour ne pas aller loin, à l’image du Maroc, de la Tunisie et de la Turquie, continuent d’attirer chaque année des flux de plus en plus importants de touristes étrangers qui se comptent parfois en millions, notre pays arrive à peine à accueillir quelques milliers, dont la quasi-majorité sont des passionnés du tourisme saharien. Ces dernières années, ces derniers se font même rares avec le problème d’insécurité qui règne dans certaines régions du sud du pays. Evoquer donc aujourd’hui l’Algérie comme une destination touristique est une offense au sens des réalités qui doit prévaloir dans toute planification destinée à redonner vie à un corps mort-vivant. Infrastructures d’accueil très insuffisantes, hôtels-dortoirs à faire fuir le plus téméraire des aventuriers, insalubrité, absence d’une culture touristique digne, y compris chez les acteurs du secteur, accueil pas toujours à la hauteur, incivisme, mauvais rapport qualité/prix… la liste des boulets que le tourisme algérien traîne est longue et ce n’est certainement pas avec les beaux discours que les choses vont changer du jour au lendemain. De là à établir des comparaisons avec nos voisins ou la Turquie, devenue en un temps record une des destinations touristiques les plus prisées par les Algériens, il y a là un pas que très peu de gens sont prêts à franchir. L’évaluation établie récemment de la situation du tourisme en Afrique du Nord et les perspectives pour la présente saison estivale, par le journal électronique international Tourism-Review, basé à Londres, donne déjà un aperçu de la situation du secteur dans notre pays. Dans cette analyse, les experts en tourisme mettent le doigt sur une situation pour le moins évidente : l’Algérie continue d’être un pays boudé par les touristes étrangers. D’ailleurs, ils n’en font presque pas référence dans leur étude. Et pour cause. 98% du flux touristique en Algérie sont fournis par les vacanciers locaux. En revanche, le Maroc et la Tunisie, qui ne disposent guère des potentialités que recèle notre pays, continuent d’être des destinations préférées des touristes étrangers, notamment européens. A ce titre, le Maroc est considéré comme la destination touristique la plus prisée dans la région de l'Afrique du Nord. Le rapport 2014 du Conseil mondial du tourisme et du voyage (WTTC) est aussi tranchant sur la question : le plus grand pays du Maghreb, l’Algérie, se classe en bas du classement en matière de parts du secteur touristique dans le PIB et occupe la 111e place sur 184 pays, loin derrière la Tunisie (49e) et le Maroc (38e). Tout y est dit.
Amine Sadek
 

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